Le Conseil supérieur de la communication (CSC) méprise royalement les médias privés. Il ne s’agit pas d’une accusation sans fondement, mais d’un constat basé sur un fait réel, avéré et vérifiable. Il s’agit de sa gestion du fonds d’aide à la presse privée que l’équipe de Kabirou Sani, président de l’institution, n’arrive pas à assurer efficacement. C’est le moins qu’on puisse dire quand on constate que depuis qu’il est à la tête de l’institution, l’octroi du fonds aux médias privés bénéficiaires a littéralement changé. Sur la base de délibérations de leurs sessions mensuelles, les conseillers du CSC ont décidé de ne plus verser la liquidité aux organes bénéficiaires, mais de procéder eux-mêmes à l’achat du matériel qu’ils ont sollicité et leur le livrer. En violation des dispositions de l’ordonnance N° 2010-35 portant régime de la liberté de presse au Niger. Voici ce que dit le chapitre VI de l’ordonnance relatif à cette aide en son article 41 : ‘’L’Etat a le devoir d’aider directement ou indirectement les organes d’information d’intérêt général qui contribuent à l’exercice du droit du public à l’information. A cet effet, il est créé un fonds d’aide aux entreprises de presse ou fonds d’aide à la presse, géré par l’autorité de régulation du secteur de la communication et alimenté par une contribution de l’Etat, de ses démembrements, de toute société de communication, de publicité et de distributions de presse’’. Nul besoin de nous attarder sur les conditions à remplir pour prétendre bénéficier du fonds d’aide à la presse. Tous les promoteurs des médias privés le savent. Nul besoin aussi de s’attarder sur le caractère direct ou indirect du fonds, sachant pertinemment que le caractère indirect porte sur les facilités qui peuvent être accordées aux organes de presse pour accomplir leur travail. Jusqu’à l’avènement de l’équipe du CSC en place actuellement, les rapports entre le CSC et les organes bénéficiaires étaient clean. La sélection des médias bénéficiaires du fonds se faisait sur la base des critères mentionnés dans l’ordonnance N°2010-35 portant régime de la liberté de presse. C’est avec cette équipe que des délibérations ont été prises pour changer la donne.
L’attente interminable
Ça fait un an, jour pour jour, que les quelques rares médias sont dans l’attente de réceptionner le matériel qu’ils ont demandé sur la base des montants qui leur ont été octroyés dans la répartition du fonds. En notre connaissance, à cette date, aucun n’a encore réceptionné le matériel dont il a exprimé le besoin. C’est le CSC qui passe la commande pour mettre les besoins en matériel exprimés par les organes à leur disposition. Ça fait un an que l’attente perdure. Pourquoi cela ? Aucun argument ne saurait être brandi pour justifier cet état de fait. Le CSC a désormais décidé de gérer directement le fonds d’aide en retenant même 35% du montant dédiés à la formation et au perfectionnement des journalistes, il n’y a aucune raison qui puisse expliquer ce retard dans la livraison du matériel dont les médias bénéficiaires ont exprimé le besoin. Absolument aucune ! Le fonds est réparti au centime près entre les médias bénéficiaires lorsqu’il entre dans le compte spécial du CSC. Nous ne pouvons donc pas comprendre cette situation, cette attente interminable alors même que c’est l’institution qui gère directement la manne. Mais c’est la faute aux médias qui ont accepté qu’il en soit ainsi et qui laissent faire. Le Conseil supérieur de la communication n’a aucun argument solide lui permettant de justifier aujourd’hui ce retard dans la livraison du matériel ; mais comme personne ne dit mot la dessus, ses membres continuent à dormir sur leurs lauriers. La manne est passée où ? C’est la question qu’on est en droit de se poser parce que ça ne s’explique pas. Dans certains pays de la sous-région, cette attitude désinvolte de notre instance de régulation des médias et de la communication allait susciter une fronde sans commune mesure vis-à-vis du CSC. Ce qui n’est malheureusement pas le cas chez nous où nous sommes enclins plutôt à défendre les intérêts des autres mais pas les nôtres.