Attention naufrage !
Dans plusieurs de nos parutions, nous avions évoqué, en long et en large, la situation critique dans laquelle est plongée la SONIDEP depuis des années déjà. Il s’y passe des choses plus que troublantes au sein de cette société publique. Népotisme, clanisme, sureffectif, magouilles à grande échelle, fraudes en tous genres, la SONIDEP est au bord du précipice. La pénurie de diesel en cours au Niger depuis le mois de juin en dit long sur l’acuité des problèmes auxquels est confrontée cette entreprise. L’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN) en est convaincue, la SONIDEP est une société « victime du manque d’orthodoxie dans sa gestion. Si elle est fortement endettée et n’arrive plus à constituer le moindre stock pour la consommation nationale, c’est du fait de la responsabilité de ceux qui l’ont gérée (…) », lit-on dans une déclaration en date du 10 août 2022. Question : comment sauver la SONIDEP du naufrage qui la guette ?
Le feu vert
La SONIDEP est victime de son accaparement par le clan de l’ancien président de la République, Issoufou Mahamadou. Ce dernier en a fait sa propriété exclusive depuis 2011. Nous l’écrivions dans notre parution du 17 juin 2022 (L’Enquêteur n°2786), à l’arrivée de Mamane Ibrahim comme Directeur général (novembre 2021), la société a presque touché le fond. Dès sa prise de fonction, le nouveau patron de la SONIDEP n’a pas manqué d’attirer l’attention de l’ensemble de ses collaborateurs sur « le besoin de redressement de la société par rapport aux difficultés financières dans lesquelles elle se trouve ». En vérité, la situation est plus grave qu’il n’y paraît. À part le sureffectif, il ressort de l’audit organisationnel commandé par Mamane Ibrahim des manquements dans la gestion les uns plus graves que les autres. À l’issue du Conseil d’administration (tenu en fin juillet), Mamane Ibrahim a obtenu le feu vert pour mettre en œuvre les recommandations faites par les auditeurs. Ainsi, entre autres mesures déjà prises, le poste de DGA (plus que superflu) est supprimé. Quant au fauteuil de SG, le personnel de SONIDEP a émis le vœu qu’il soit attribué à un agent de la boîte pour se conformer à la pratique en cours depuis de nombreuses années avant la politisation à outrance des nominations.
Mission impossible ?
S’agissant du problème (non des moindres) du sureffectif, l’audit a suggéré que les nominations se fassent désormais dans une parfaite adéquation entre le profil du titulaire et le poste. Autrement dit, il va falloir compresser le personnel, il va falloir se débarrasser des employés en surnombre. Selon des sources bien introduites, pris de panique à l’idée de se retrouver au chômage, quelques protégés de l’ancien régime ont saisi Issoufou Mahamadou. Question : Mamane Ibrahim a-t-il les épaules suffisamment solides pour mener à bien son opération d’assainissement ? Une chose est sûre, la SONIDEP doit être remise sur les rails. Elle doit retrouver des couleurs pour assurer sereinement la mission stratégique qui est la sienne. Le contribuable ne peut continuer à garantir des salaires astronomiques et autres avantages démesurés à des individus dont le seul mérite est d’appartenir à une coterie politique.