Le ‘’chantre de la transparence’’
À son investiture le 02 avril 2021, Bazoum Mohamed ne pense plus aux violentes émeutes urbaines consécutives à son élection contestée par l’opposition politique. Ce jour-là, le dauphin d’Issoufou Mahamadou s’est attelé à persuader le peuple quant à sa volonté d’assoir une gestion saine, de rompre avec le ‘’système de la camarilla’’ sur lequel son prédécesseur et mentor a bâti ses deux quinquennats. Bazoum Mohamed a évoqué « la prévalence de pratiques de concussion et de corruption au sein de l’administration. » Et de jurer d’extirper ce fléau du cœur de l’État : « Mon credo sera de miser principalement sur la pédagogie de l’exemple en ne tolérant d’aucune façon le principe de l’impunité […] Je voudrais dire clairement ici que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. » Quelque seize (16) mois se sont écoulés depuis. Le constat est que plus le temps passe, plus Bazoum Mohamed s’éloigne de ses engagements. Le chantre de la transparence autoproclamé est pris dans les eaux de la corruption qu’il a promis d’endiguer.
Un bilan terne
D’un point de vue général, le bilan des 16 mois de Bazoum Mohamed aux commandes de l’État est pour le moins terne. S’agissant de la sécurité, le président de la République pense trouver en Barkhane un appui militaire à même de l’aider à engranger des victoires sur les groupes terroristes. C’est là un pari risqué au regard de l’échec de l’intervention militaire française au Mali. Quant au quotidien des Nigériens, il s’est assombri davantage. La vie chère, apparue sous Issoufou Mahamadou, s’est nettement accentuée dès le début du mandat de Bazoum Mohamed. Déjà pauvres dans leur écrasante majorité, les Nigériens se retrouvent aujourd’hui dans un dénuement extrême. Un dirigeant doté d’un brin d’empathie aurait mis toute son énergie pour sortir son peuple d’une situation aussi intenable que celle dans laquelle est plongé le peuple du Niger. Tout indique que Bazoum Mohamed n’a pas à cœur le bien-être de ses concitoyens, encore moins leur sécurité. Le président de la République ferme les yeux sur la perpétuation des pratiques corruptives qu’il a héritées de son mentor. Entre marchés publics par entente directe sans mise en concurrence de candidats, appels d’offres truqués au profit de la clientèle politique, la Renaissance acte 3 flirte avec la corruption de jour comme de nuit.
Un océan d’affairisme
De la Primature, au ministère de l’Intérieur à celui de l’Élevage en passant par celui de la Défense, les marchés publics par entente directe n’épargnent presque aucune sphère de l’administration publique. À titre d’exemple, l’entreprise malienne BUILDERS S.A a raflé (dans des conditions troubles) plus de 35 milliards FCFFA de marchés publics pour des études de faisabilité, des travaux de construction d’infrastructures universitaires et des travaux de construction d’infrastructures à l’Université Abdou Moumouni de Niamey. C’est avec la même opacité que le groupement d’entreprises UNASEL-BABATI s’est vu attribuer un marché de 38.233.510.352 FCFA (sur financement de la Banque Mondiale) pour les travaux de réhabilitation et d’entretien du corridor transsaharien (Agadez-Tiguidit-limite régions Agadez/Zinder). Il est à noter que ce consortium d’entreprises n’a aucune expertise dans ce secteur comme l’a révélé la Banque Mondiale elle-même. Ces deux cas de concussion ne sont qu’une infime goutte d’eau dans l’océan d’affairisme dans lequel baigne le régime de Bazoum Mohamed. Conclusion, au fil des mois, les Nigériens découvrent que le président de la République s’est paré d’une qualité qu’il ne possède pas. Il ne peut lutter contre la corruption en témoignent ces affaires qui ternissent le début de son quinquennat.