« Le 21 juin 2021, les centrales syndicales et les syndicats non affiliés du Niger ont, à travers une déclaration commune rendue publique, dénoncé le non-respect, de la part du gouvernement, du processus de révision du statut général de la fonction nigérienne », lit-on dans la presse nationale. Des sorties médiatiques de ce type sont monnaie courante, pour ainsi dire. On a comme l’impression que les syndicats se font toujours roulés dans la famine par leur vis-à-vis qu’est l’État. Question : les syndicalistes nigériens ne savent-ils pas négocier ? Il y a de la candeur, pour ne pas dire de la naïveté, dans la manière dont les centrales syndicales mènent des pourparlers avec le gouvernement. Les spécialistes de la négociation sont formels : « n’entrez jamais en négociation avant de savoir quelle sera votre position si celle-ci échoue et quelle alternative vous allez choisir à ce moment-là […] » Autrement dit, il vaut mieux avoir plusieurs cordes à son arc avant d’entamer des discussions portant notamment sur des revendications salariales. On a l’impression que les centrales syndicales de notre pays ignorent tout de ces techniques.
Il est dit que la négociation doit être perçue sous deux angles principaux : « On peut l’envisager comme un bras-de-fer, où le plus fort, le plus rusé l’emporte, au détriment de son adversaire. On peut, au contraire, la considérer comme un processus d’échange, une opportunité pour imaginer et construire ensemble des solutions qui donnent aux deux protagonistes, même de façon inégale, un sentiment de satisfaction. » Lequel de ces deux schémas les centrales syndicales nigériennes privilégient-elles quand elles négocient avec l’État ? Ni l’un, ni l’autre, serait-on tenté de dire. À tous les coups, le gouvernement se barricade derrière des promesses qu’il ne tiendra pas. Il n’est pas de trop de rappeler aux syndicalistes nigériens cet adage : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. » En d’autres termes, il ne faut pas lâcher le certain pour courir après l’incertain. Un peu de pragmatisme ne fera pas de mal aux syndicats nigériens. n