Manque de souffle
Cela ne fait aucun doute, le président de la République est prisonnier de la taille éléphantesque de la majorité qui le soutient. Il l’a d’ailleurs avoué explicitement : « Il est difficile de gérer des coalitions aussi grandes que celle qui m’a porté au pouvoir. (…) Je ne voudrais pas être ingrat vis-à-vis de personne. Je n’oublierai, pour ainsi dire, personne (…) Je suis écartelé entre ces deux exigences : ne pas être ingrat, mais en même temps, ne pas être complaisant. Je veux trouver le juste milieu, j’ai 5 années pour cela, Inch’Allah », a dit Bazoum Mohamed dans l’interview qu’il a accordée à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir. On le voit, le chef de l’État est contraint de renvoyer l’ascenseur à un nombre incalculable d’alliés. De grands partis comme le MNSD-Nassara aux formations microscopiques tel que le PNPD-Akal Kassa, tout le monde attend sa récompense. Cet esprit mercantile se reflète dans la composition du gouvernement en place. Des ministres sans personnalité aucune à ceux qui brillent par leur incompétence notoire, le président de la République a pris du tout-venant pour former l’équipe conduite par Ouhoumoudou Mahamadou. Seize (16) mois après son lancement, le quinquennat de Bazoum Mohamed manque désespérément de souffle du fait d’un gouvernement atone.
Un mini-lifting
En novembre passé, Bazoum Mohamed a raté l’occasion de donner de la vitalité au gouvernement en procédant à un remaniement en profondeur. Le président de la République s’est contenté d’un mini-lifting dont le fait marquant est l’éjection d’Alkache Alhada du ministère de l’Intérieur et son remplacement par Hamadou Adamou Souley. Le départ du ministre de la Justice (Hassan Amadou) et celle de la Fonction publique (Attaka Zaharatou Aboubacar) n’a pas apporté une plus-value quelconque à l’équipe gouvernementale. L’arrivée d’Abdoulaye Ikta Mohamed à la Justice est loin de lancer la lutte contre la corruption tant attendue par les citoyens. En un mot, Bazoum Mohamed a loupé le coche. À la grande déception des Nigériens, il n’a pas su donner de l’allant au gouvernement. Plus que jamais, le président de la République a besoin d’une équipe gouvernementale requinquée et surtout en phase avec les multiples attentes des Nigériens.
Remaniement ou reniement ?
« Aujourd’hui que je suis à la tête d’un État réel, où il est question d’hommes et de femmes réels, en proie aux difficultés concrètes de la vie, mon devoir est d’agir de telle sorte que mes actes prennent en compte les intérêts du plus grand nombre », a déclaré Bazoum Mohamed dans son discours d’investiture. Ce dernier est dans l’illusion s’il espère tenir ses promesses avec un gouvernement aussi amorphe que celui dirigé par Ouhoumoudou Mahamadou. Le chef de l’État est à la croisée des chemins, il doit s’entourer d’une équipe gouvernementale constituée d’hommes et de femmes forgés pour diriger valablement un ministère. Deux (2) choix s’offrent à Bazoum Mohamed. Soit il décide de faire corps avec ses engagements et procéder à un profond remaniement du gouvernement.
Soit il opte pour le reniement en s’accommodant d’un gouvernement sans relief composé de ministres les uns plus médiocres que les autres. À lui de choisir.