Une présidence est faite pour décider et pour agir. Mais plus de seize (16) mois après l’élection de Bazoum Mohamed à la magistrature suprême de notre pays, il est toujours dans l’incantation, convaincu qu’en politique le verbe pouvait changer le réel. Convaincu surtout que des années durant le peuple nigérien est ‘’éteint’’, ‘’passif’’, ‘’immobile’’ etc. En effet, la caste dirigeante nie aux Nigériens, tout répertoire d’action et de velléité de mobilisation collective. Du coup, elle a fini par se convaincre qu’ils ne sortiraient plus dans la rue, car ils ont trop peur et n’aspirent qu’à la quiétude et la paix, fût-ce au prix d’une stabilité politique caractérisée par la corruption, l’impunité, l’enrichissement sur le bien commun, les injustices de plus en plus criardes, les atteintes aux libertés individuelles et collectives incarnés par la Renaissance.
Les Renaissants croient toujours que le peuple ne se révolterait pas même lorsqu’il a faim, qu’il n’aurait pas accès aux soins, même quand la vie devient trop chère, malgré l’insécurité dans les villes, les villages et les hameaux dans plusieurs contrées du pays. La Renaissance considère le peuple comme une population qui a seulement besoin d’aller voter tous les cinq (5) et ensuite de lui laisser faire ce que bon lui semble. Sans questions, sans aspirations existentielles, démocratiques.
Mais cette lecture assenée pourrait voler à tout moment. Parce que le domaine des possibles s’est étendu au Niger. Les réseaux sociaux, contre lesquels aucun pouvoir ne peut rien, ont ouvert des champs nouveaux qui ont contribué à élever la conscience politique des Nigériens, particulièrement celle de la jeunesse. Une jeunesse qui a compris que la compétition électorale n’est qu’un écran de fumée. Que les gens votent depuis des années main n’entrevoient aucun changement de leurs conditions de vie. Que la classe politique interchangeable ne transforme guère la société à l’aune des véritables attentes du citoyen.
Face à cette crise démocratique, à cette perte de crédibilité des politiques, surgiront inéluctablement des Nigériens qui érigeront l’éveil des consciences en grand nombre qui pourrait déboucher sur une vague de protestation pouvant basculer le pays dans l’incertitude. Alors méfiance…