Dans les rangs de l’opposition comme dans ceux du pouvoir, le personnel politique de notre pays aime s’enorgueillir de la création, en 2004, du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP). Cette fierté n’est sans doute pas exagérée, le dialogue étant un torrent de vertus. À l’opposé, le conflit est destructeur, singulièrement en politique. « Surmonter un désaccord profond exige de dépasser l’impasse sur laquelle achoppe le débat, en envisageant la controverse sous un jour différent », dit-on. Ce principe n’a pas toujours présidé aux sessions du CNDP. Très souvent, cette entité (dont la vocation est d’aplanir les différends politiques) bute sur des blocages. Il arrive aussi que le CNDP se retrouve vidé de toute sa substance, le rendant ainsi inopérant.
Pour s’octroyer un troisième mandat, le régime de Tandja Mamadou a mis le CNDP entre parenthèses. Cette absence de dialogue a servi de justificatif au coup d’État du 18 février 2010. Plus récemment, le mauvais fonctionnement du CNDP a engendré des tensions post-électorales d’une violence jamais vue au Niger. Les dernières élections générales se sont faites dans un climat de désaccord politique profond, c’est peu de le dire. La légitimité de Bazoum Mohamed, en tant que président de la République, continue d’en pâtir. De façon globale, quand le dialogue déserte l’échiquier politique, la démocratie en prend un coup. « Sur un air de ‘’putsch’’ et de prise d’otage, les gendarmes ont envahi l’antre de l’hémicycle parlementaire. Le coup de force ubuesque de trop devenu viral sur la toile et qui jette un discrédit sur la deuxième institution du pays », c’est ainsi qu’un journaliste a décrit l’élection, ce 12 septembre 2022, du nouveau président de l’Assemblée nationale sénégalaise. Et d’ajouter : « Les députés de la mouvance présidentielle comme ceux de l’opposition ont privilégié plutôt la stratégie du ring que celle du dialogue et de la concertation. » C’est à coups de poing que Macky Sall a imposé son candidat. « Le dialogue paraît en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité », c’est dommage de perdre de vue cette citation.