Un rapport de l’ONG Internationale Oxfam publié en fin de semaine dernière (vendredi 16 septembre 2022) classe le Niger parmi les 10 pays au monde où la faim connaît une progression fulgurante ces dernières années. Il s’agit de l’Afghanistan, du Burkina Faso, de Djibouti, du Guatemala, de la Haïti, du Kenya, de Madagascar, du Niger, de la Somalie et du Zimbabwe. Dans ces pays, ‘’’la population en situation d’insécurité alimentaire aiguë a plus que doublé au cours des six dernières années, passant de 21 à 48 millions de personnes. Dans ces dix pays, près de 18 millions de personnes sont aujourd’hui à deux doigts de mourir de faim’’, alerte le rapport qui fait un lien étroit entre cette progression de la faim et la crise climatique. ‘’Les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus nombreux et violents, réduisent eux aussi la capacité des populations pauvres à contrer la faim et à faire face aux chocs à venir, en particulier dans les pays à faible revenu’’, explique le document. Le Niger et le Burkina Faso sont les deux seuls pays sahéliens à figurer dans ce Top 10. L’évaluation est faite sur la base de 4 critères : le nombre d’appels de l’ONU liés à des phénomènes météorologiques extrêmes 2000-2021, la population en situation d’insécurité alimentaire aiguë (IPC 3+) 2016 (en millions) ; la population en situation d’insécurité alimentaire aiguë (IPC 3+)2021 (en millions) et l’augmentation du taux d’insécurité alimentaire aiguë (IPC 3+) 2016-2021 (en millions.
Concernant le Niger, l’ONG a dénombré 8 appels à l’ONU contre 6 pour le Burkina Faso, le nombre record d’appels revenant à la Somalie (16) entre 2020-2021. Occupant régulièrement le dernier rang dans le classement de Indice de développement humain (IDH) depuis l’avènement des renaissants au pouvoir en 2011, notre pays est, d’une année à une autre, confronté à de déficits de production alimentaire et fourrager plus ou moins important, l’obligeant à faire appel à la communauté internationale pour assurer la nourriture aux populations en situation d’insécurité alimentaire. Plan de réponse humanitaire, plan de soutien aux populations vulnérables, plan de contingence, etc., qui nécessitent la mobilisation de dizaines de milliards de francs auprès des partenaires humanitaires internationaux pour assurer la prise en charge des populations en détresse, est devenu le sport favori du gouvernement. Cette année encore, du fait de l’important déficit céréalier et fourrager enregistré à l’issue de la campagne agricole 2020-2021, l’Exécutif a dû faire appel aux agences humanitaires de l’ONU pour assister ‘’4,4 millions de personnes en insécurité alimentaire sévère qui auront besoin d’une assistance alimentaire pendant la période de soudure de juin à septembre’’. Ainsi, pour faire face à cette situation, ‘’le gouvernement a adopté le plan d’urgence pour la période de novembre 2021 à mars 2022, puis le plan de soutien 2022 d’un budget respectivement de 160 milliards de francs CFA et de près de 295 milliards de francs CFA’’, a déclaré le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou, présidant le 7 juillet 2022, une réunion du comité de haut niveau de suivi de l’état de mise en œuvre du plan d’urgence et du plan de soutien 2022. Le montant recherché a-t-il été mobilisé ? A-t-il bénéficié aux populations des ‘’6.430 villages agricoles déficitaires (environ 50%) des villages agricoles du pays et aux enfants en situation nutritionnelle difficile avec un taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale de 12,5% au-dessus du seuil d’alerte et la prévalence de la malnutrition chronique estimée à 43,5%’’, comme l’a souligné Ouhoumoudou ? Nous ne saurons l’affirmer ou l’infirmer. L’année prochaine, nous assisterons inévitablement au même rituel, l’appel aux organismes des Nations Unies et leurs partenaires pour nous aider à assurer l’alimentation à de millions de personnes. Alors même qu’il y a un programme lancé par l’ancien président Issoufou Mahamadou, dénommé ‘’3N’’ (les Nigériens nourrissent les Nigériens), avec pour ambition d’éradiquer la faim dans le pays. Selon Issoufou, cette initiative mettra fin à la rime entre ‘’sécheresse et faim’’. La mise en œuvre de ce fameux programme a englouti des dizaines de milliards de francs dans la réalisation d’activités qui ne sont pas visibles sur le terrain. La faim est malheureusement toujours prégnante pour ne pas dire pernicieuse malgré l’important projet ‘’boutures de manioc’’ porté par l’initiative 3N. Pour preuve, en cette année 2022, nous faisons partie des 10 pays au monde où la faim progresse, selon Oxfam. Qu’on ne nous dise pas seulement que c’est à cause des phénomènes extrêmes liés au changement climatique ; c’est une crise que tous les pays au monde vivent.