Une fois de plus, Issoufou Mahamadou va éclipser Bazoum Mohamed. À l’occasion de la 77è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, les lumières seront plus braquées sur l’ancien président de la République que sur son dauphin.
« Ton pied, mon pied »
C’est à croire que l’ancien chef de l’État prend du plaisir à faire de l’ombre à son successeur. Issoufou Mahamadou ne boude aucune occasion de se mettre en lumière au détriment de Bazoum Mohamed. Ce dernier s’est rendu en Turquie du 09 au 13 mars 2022 pour faire des emplettes militaires. Quelques jours avant, comme par hasard, Issoufou Mahamadou a foulé le sol turc pour d’obscures raisons. En vérité, le message du mentor à l’endroit de son dauphin est clair : « je t’ai à l’œil ». Toujours sur le thème du ‘’ ton pied, mon pied’’, les Nigériens ont fraîchement en mémoire le vrai-faux hasard de calendrier entre les vacances de Bazoum Mohamed et celles de son prédécesseur. Pendant des jours, Dan Daji est devenu la Mecque de quasiment tous les pontes du PNDS-Tarayya et autres courtisans des partis alliés du pouvoir. À dessein, Issoufou Mahamadou a organisé une immense démonstration de popularité pour éclipser Bazoum Mohamed reclus à Tesker avec une petite poignée de ses fidèles. Cette fois-ci, c’est à New-York que l’ancien président de la République compte briller toujours au détriment de son dauphin.
Issoufou, sous la lumière
À New-York, pendant que Bazoum Mohamed s’entretient avec des interlocuteurs de second plan comme Rama Yade de l’Africa Center d’Atlantic Council (un cabinet de lobbying), Issoufou Mahamadou, lui, échange avec les têtes pensantes de la diplomatie onusienne et africaine : Parmi les hauts fonctionnaires onusiens présents au sein de l’équipe de Mahamadou Issoufou figurent : Leila Zerrougi, ancienne magistrate à la tête de la Monusco, Donald kaberuka, ancien président de la Banque Africaine de Développement (BAD), l’ex chef de la diplomatie sénégalaise Abdoulaye Bathily, Soyata Maïga, présidente de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples etc, etc.
« Chargé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres d’établir un rapport sur la situation au Sahel qu’il présentera le 22 septembre en marge de l’assemblée générale des Nations unies, l’ex-chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou s’est entouré d’une équipe resserrée composée de hauts diplomates internationaux et de gradés africains », rapporte Africa Intelligence (AI) dans sa parution du 20 septembre 2022. « L’ex président nigérien présentera les conclusions de son rapport sur la situation au Sahel, fruit de cinq mois de travail », précise AI. C’est clair, la 77è session de l’Assemblée générale des Nations Unies offre à Issoufou Mahamadou une tribune inespérée pour faire parler de lui. Pour, une fois de plus, voler la vedette à Bazoum Mohamed. Déjà, l’entrée en scène d’Issoufou Mahamadou, est qualifiée de « grande séquence Afrique » de l’Assemblée générale des Nations Unies. Ce dernier ne peut rêver mieux, l’occasion est trop belle pour lui, il tient là une immense opportunité d’écraser médiatiquement Bazoum Mohamed.
S’affirmer ou s’effacer ?
Il est évident que le président de la République souffre de l’ombre que ne cesse de lui faire, en tout lieu et en toutes circonstances, son prédécesseur. Les Sahéliens, victimes d’exactions commises par les groupes terroristes, n’auront d’yeux et d’oreilles que pour Issoufou Mahamadou, au grand dépit de Bazoum Mohamed. Ce dernier n’arrive pas à s’affirmer en face d’un mentor dont la boulimie du pouvoir est inénarrable. Issoufou Mahamadou aime régner au sens monarchique du terme, et ce n’est pas demain qu’il changera. Dix-sept mois après sa prise de fonction, Bazoum Mohamed doit-il continuer à prendre son mal en patience jusqu’à la fin de son quinquennat ? Une chose est certaine, de plus en plus, les Nigériens extériorisent leur ras-le-bol de ce bicéphalisme au sommet de l’État.