Un nombrilisme qui frôle l’autodéification, ainsi peut-on décrire l’ancien président de la République qui veut continuer à tout régenter au Niger. À trop vouloir surestimer son pouvoir, Issoufou Mahamadou court le risque de tomber des nues. Plus dure sera la chute.
La soif de pouvoir
Une année après son holdup électoral de 2016, Issoufou Mahamadou a laissé entendre : « Je n’ai pas cette arrogance de penser que je suis irremplaçable comme les autres présidents ». L’auteur de ces propos ne croit pas (et ne pense pas) un seul mot de ce qu’il a dit. Le président-candidat qui s’est adjugé 92,49% des suffrages à l’issue d’un second tour sans challenger adore exercer le pouvoir sans aucune forme de partage. « Le pouvoir, plus on y goûte, plus on en redemande. Jusqu’au point où l’on ne peut plus se passer du pouvoir », Issoufou Mahamadou est passé par toutes ces étapes en une décennie de règne. À la toute fin de mars 2019, Bazoum Mohamed a traduit le choix de sa candidature à l’élection présidentielle comme étant « la concrétisation de la volonté de Mahamadou Issoufou de respecter la loi sur la limitation des mandats. » La vérité est que l’ancien chef de l’État n’a pas 36 solutions à portée de main. Outrepasser un mandat présidentiel ne peut, en aucune manière, prospérer dans notre pays : « le peuple et la classe politique n’accepteront jamais cela au Niger », a reconnu le même Bazoum Mohamed dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique en novembre 2015. C’est donc bien malgré lui qu’Issoufou Mahamadou a renoncé à un 3è mandat. Pour autant, il n’a pas fait le deuil de son irrépressible envie d’exercer un pouvoir sur les autres.
La naissance d’un mythe
C’est connu de tous, Bazoum Mohamed n’exerce pas la plénitude des pouvoirs que lui octroie la Loi fondamentale de notre pays. Dès le départ, Issoufou Mahamadou s’est arrangé à mettre son dauphin en cohabitation en lui imposant Ouhoumoudou Mahamadou comme Premier ministre. Voilà dix-huit (18) mois que dure cet état de fait. C’est bien vrai, l’ex président de la République a un ascendant inouï sur ses camarades politiques. Depuis la création de leur parti en 1990, les Tarrayistes ont été biberonnés au mythe selon lequel Issoufou Mahamadou est imbattable dans l’Ader, électoralement parlant. Ce n’est qu’une fable construite à coup de fraudes lors des différents scrutins. Si ce n’est pas de la rapine électorale, comment peut-on expliquer les 912.000 voix (sur un peu plus d’un million d’électeurs recensés dans la région de Tahoua) attribuées à Bazoum Mohamed au second tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021 ? Cette tricherie monumentale a permis à Issoufou Mahamadou d’asseoir définitivement son contrôle sur le PNDS-Tarraya. C’est par le truchement de cet endoctrinement quasi religieux que l’ancien président de la République compte garder les rênes de son parti et même celles du pays ad vitam æternam. Question : À vouloir surestimer son pouvoir, Issoufou Mahamadou ne court-t-il pas le risque de tomber des nues ?
Plus dure sera la chute
« Les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre », prévient l’adage. L’irrépressible envie d’exercer le pouvoir qui ronge Issoufou Mahamadou risque de causer sa perte politique. Le devoir de gratitude que s’est imposé Bazoum Mohamed envers son mentor n’est pas illimité. En se livrant, sans cesse, à des agissements suspects et des immixtions inappropriées dans les affaires de l’État et du PNDS-Tarraya, Issoufou Mahamadou finira bien par excéder son dauphin car une limite a été franchie. L’ancien président de la République pense qu’il dispose d’une base électorale qui lui est redevable à vie et surestime son emprise sur le PNDS-Tarraya. Issoufou Mahamadou est dans l’illusion, car en dix (10) années passées à la magistrature suprême du pays, ils sont très très nombreux les militants du PNDS-Tarayya à n’avoir pas bénéficié des retombées de son règne. Il est donc illusoire dans ces conditions de continuer à croire qu’ils vont encore continuer à lui apporter leur soutien. « Les cimetières sont pleins de gens indispensables, qui ont tous été remplacés », a dit l’homme politique français Georges Clemenceau. Le camarade Issoufou Mahamadou doit méditer sur cette citation. Le Niger et le PNDS-Tarraya lui survivront. C’est sûr et certain.