Ce 28 octobre 2022, sauf report pour une raison ou pour une autre, trois (3) des personnalités politiques arrêtées dans le sillage des violences post-électorales de février 2021, vont comparaître devant la chambre criminelle de Niamey pour être jugés. L’opposition politique retient son souffle.
Une élection contestée
Il y a de cela un peu plus d’un mois, le doyen des juges d’instruction près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey, a procédé à une disjonction de la procédure engagée contre les principaux prévenus dans l’affaire des violences post-électorales de février 2021. Autrement dit, la procédure est fractionnée en plusieurs, chacune visant un prévenu. C’est ainsi que Djibril Baré Maïnassara, Moumouni Boureïma dit Tchanga et Saïdou Tahirou Mayaki sont tous passés devant le doyen des juges d’instruction afin de prendre connaissance de la nouvelle décision (voir L’Enquêteur n°2819 du jeudi 1er septembre). Notons que Hama Amadou est exclu de cette démarche, l’instruction de son dossier n’ayant pas eu lieu. Les trois personnalités citées plus haut ont toutes été arrêtées au lendemain de l’embrasement de la ville de Niamey suite aux manifestations contre l’élection de Bazoum Mohamed. S’agissant spécifiquement de Djibril Baré Maïnassara, il a été mis en liberté provisoire après quelques jours passés dans les locaux de la Police Judiciaire de Niamey. Quant à Hama Amadou, emprisonné à Fillingué le 1er mars 2021, il a eu l’autorisation de suivre des soins de santé en France au début du mois d’avril de la même année.
La judiciarisation de la vie politique ?
Le 28 octobre 2022, sauf report pour une raison ou pour une autre, Djibril Baré Maïnassara, Moumouni Boureïma dit Tchanga et Saïdou Tahirou Mayaki vont comparaître devant la Chambre criminelle de Niamey pour y être jugés. « Meurtre contre X, production de données de nature à troubler l’ordre public, propagande à caractère régionaliste, racial ou religieux, complot contre l’autorité de l’État, complicité de vol en réunion avec port d’arme par effraction, complicité d’incendie volontaire de maison d’habitation, complicité d’attroupement armé, complicité de meurtre, complicité de coups et blessures volontaires, de rébellion et violences envers les agents publics dans l’exercice de leur fonction, complicité de dégradation de biens publics et privés et de véhicules, association de malfaiteurs », tels sont les principaux chefs d’accusation retenus contre les trois prévenus. En renvoyant ces politiciens devant la Chambre criminelle, le régime a mis la barre très haute pour la manifestation du 23 février 2021 ayant secoué Niamey. Ne faut-il pas craindre une judiciarisation de la vie politique dans notre pays ? Ne sommes-nous pas en face d’un système où les régents se servent de la justice pour régler des comptes politiques ? Qui dans ces conditions voudra encore s’engager en politique ? Autant de questions que se posent nombre de citoyens.
Un verdict très attendu
Une longue décennie durant, Issoufou Mahamadou s’est servi de la justice pour parvenir à ses fins. Plus d’une fois, le Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN) a dénoncé l’immixtion du politique dans des affaires judiciaires. Le SAMAN avait même formulé des griefs notamment contre Bazoum Mohamed et Hassoumi Massoudou. Nombre de Nigériens osent espérer que ces pratiques sont enterrées avec le règne d’Issoufou Mahamadou. Sans préjuger de l’issue du procès programmé pour ce 28 octobre 2022, il sied de rappeler ce constat : « […] La non observance par les magistrats de leurs obligations de poursuivre et de juger de manière équitable et honnête toutes les affaires qui leur sont soumises, en répondant à des injonctions ou en faisant valoir leurs intérêts propres, est la pire des injustices », a dit Bazoum Mohamed à l’ouverture de la session du Conseil supérieur de la Magistrature, le 27 septembre 2021. Pour l’instant, malmenée par une justice politique sous Issoufou Mahamadou, l’opposition politique retient son souffle. « […] J’ai pour ambition de faire en sorte que notre parti reste au pouvoir le plus longtemps possible », a avoué Bazoum Mohamed dans un entretien qu’il a accordé à des médias français en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. À quel prix, le PNDS-Tarraya, compte-t-il obtenir cette longévité au pouvoir ? Djibril Baré Maïnassara, Moumouni Boureïma dit Tchanga et Saïdou Tahirou Mayaki seront-ils châtiés pour l’exemple, afin de briser définitivement les ailes des adversaires du régime en place ? L’avenir nous le dira…