L’idée que tous les moyens sont bons pour atteindre un but donné est souvent associée à Machiavel. Il n’y a sans doute pas beaucoup de manuels de philosophie politique plus connus que ‘’Le Prince’’ écrit par Machiavel, dans lequel il présente les pratiques, les techniques et les recettes à l’attention des princes de son temps ou à venir, un traité qui expose les moyens d’acquérir, d’exercer et de conserver le pouvoir. Tous les moyens. Être machiavélique, c’est être sournois, prêt à toutes les bassesses, à toutes les injustices et à toutes les cruautés pour arriver au pouvoir et y rester. Quoiqu’il en coûte ! On ne compte plus les dirigeants accusés avec un mélange d’horreur et d’admiration de donner dans le machiavélisme, quitte à s’autoriser tous les excès. Aujourd’hui, au Niger, c’est le cas avec le renvoi devant la Chambre criminelle de Niamey d’opposants politiques pour ‘’meurtre contre X, propagande à caractère régionaliste, racial ou religieux, complot contre l’autorité de l’Etat, complicité d’attroupement armé, complicité de vol en réunion avec port d’arme par effraction, complicités de coups et blessures volontaires envers les agents publics dans l’exercice de leur fonction, complicité d’incendie volontaire de maison d’habitation etc’’, dans le cadre des violences post-électorales de février 2021.
Ces chefs d’accusation donneraient à rire s’ils n’ouvraient la voie à une probable détérioration du climat politique déjà tendu dans le pays. Que retiendra-t-on ? Qu’un pouvoir aux abois fait preuve d’acharnement judiciaire contre des adversaires haïs. Ce feuilleton politico-judiciaire est désastreux. Chacun de ses épisodes témoigne que pour les politiques, la fin justifie tous les moyens. La politique est certes un sport de combat, mais pourquoi faudrait-il s’habituer à la machination judiciaire pour régler des comptes politiques ? C’est attristant ! La politique, cela ne doit et ne peut pas être ça. La morale publique ne se résume pas seulement au respect élémentaire de la légalité. Sauf à saper gravement la confiance des citoyens en la démocratie, elle implique aussi que les responsables politiques soient au-dessus de tout soupçon. Ce qui n’est évidemment pas le cas du régime actuel.