Au Burkina Faso, des drapeaux russes et des slogans à la gloire du Kremlin ont fait leur apparition dans les manifestations en soutien au nouvel homme fort du pays, le capitaine Ibrahim Traoré. Doit-on voir cela comme un début d’idylle entre Ouaga et Moscou ? Une chose est certaine, la Russie n’avance plus à visage couvert : « Je salue et soutiens le capitaine Ibrahim Traoré. […] », a écrit, via Telegram, Evguéni Prigojine, proche du Kremlin et fondateur du groupe Wagner. Cette offre de service claire et nette, a fait réagir Washington : « Les pays où le groupe [Wagner] a été déployé se retrouvent affaiblis et moins sûrs, et nous avons constaté cela dans plusieurs cas rien qu’en Afrique […] Nous condamnons toute tentative d’empirer la situation actuelle au Burkina Faso, et nous encourageons fortement le nouveau gouvernement de transition à se conformer au calendrier convenu pour un retour à un gouvernement civil démocratiquement élu », a dit à la presse un porte-parole du département d’État américain. Pour une mise en garde, c’en est une.
Du côté de Ouaga, on laisse entrevoir que toutes les options sont sur la table. Le capitaine Ibrahim Traoré ne s’en cache pas, il a clairement fait part de son intention de s’ouvrir à de nouveaux partenaires, dont la Russie. La nouvelle junte du Faso va-t-elle franchir le Rubicon malgré les avertissements de Washington ? Une telle option ne serait pas pour déplaire à l’écrasante majorité des Burkinabè. « Cet appel à de nouveaux partenaires, comme la Russie, est devenu un catalyseur pour les populations. C’est le meilleur moyen pour faire descendre les gens dans la rue », affirme Wassim Nasr, journaliste de France 24, spécialiste des questions liées au terrorisme. Au Faso, après le renversement du colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba (un drôle de coup d’Etat plié après 72 heures), l’heure des choix est venue. Le modèle malien va-t-il faire tache d’huile au pays des Hommes Intègres ? Le capitaine Ibrahim Traoré va-t-il emboîter le pas au colonel Assimi Goïta au Mali ? Tous les scenarios restent envisageables.