« Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient, et tantôt férocement révolté », a dit Guy de Maupassant, homme de lettres français. Les peuples ont la révolte dans le sang. C’est un fait, des premières heures de l’humanité à nos jours. Prenons pour exemples quelques mouvements populaires de masse assez récents. Le mois d’octobre 2019 a été singulièrement riche en contestations populaires à travers le monde. À cette date-là, presque simultanément, l’Équateur, le Liban, l’Irak et le Chili se sont mis en ébullition. Dans ces pays, des « centaines de milliers de personnes descendent dans les rues, occupent les places, bloquent les routes, érigent des barricades, s’affrontent parfois violemment avec la police », rapportent les médias à l’époque. Ces manifestations d’ampleur ont commencé quelques semaines plus tôt en Haïti, au Soudan, en Algérie, à Hong Kong. Qui aurait cru que la révolution tunisienne (décembre 2010 à janvier 2011) allait emporter le régime hermétique de Zine el-Abidine Ben Ali ?
On peut se poser la même interrogation concernant l’Égypte où la révolution entamée le 25 janvier 2011 a fini par mettre à terre l’inamovible Hosni Moubarak. Au Burkina Faso, durant l’année 2014, une série de manifestations massives qui se sont étendues à plusieurs villes du pays ont eu raison du pouvoir très fermé de Blaise Compaoré. « Un peuple de moutons finit par engendrer un gouvernement de loups », cette citation de la romancière anglaise Agatha Christie est fort juste. Nos pays d’Afrique subsaharienne en sont la preuve patente. Seulement, il y a un temps pour les loups, et un temps pour le réveil des moutons. Le coup d’État d’août 2020 au Mali est, très clairement, parti de la rue. Les soldats ont profité du tohu-bohu provoqué par le Mouvement du 5 juin et rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) pour renverser le président Ibrahim Boubacar Keïta. Depuis, ce putsch a fait tache d’huile en Guinée et au Burkina Faso. Comme quoi, les peuples ‘’indolents’’ finissent par sortir de leur torpeur et prendre en main leurs destins communs.