Dix-huit (18) mois après sa prise de fonction, le pire adversaire du chef de l’État se trouve être le PNDS-Tarayya. Pieds et poings liés, à la merci de sa famille politique, Bazoum Mohamed peine à donner vie à son programme de gouvernance.
Un obstacle nommé Tarayya
« Je serais moi-même si au bout des 5 prochaines années j’aurais agi de façon à sensiblement améliorer, entre autres, la sécurité, la qualité de l’éducation, l’accès aux soins, à une meilleure alimentation, à l’eau potable, à un meilleur habitat, au courant électrique et à de meilleures routes au profit de tous les Nigériens », a souhaité Bazoum Mohamed dans son discours d’investiture le 02 avril 2021. On est bien loin de cette date. Mais le chef de l’État a fort à faire ne serait-ce que pour s’approcher du plus minime de ses objectifs. « Votre pire ennemi, aujourd’hui, c’est sans doute vous-même », c’est en ces termes que le socio-anthropologie Jean-Pierre Olivier de Sardan s’est adressé aux Tarayyistes en 2016 après la réélection controversée d’Issoufou Mahamadou. Ce constat est encore valable, il suffit juste de le reformuler ainsi : « le pire ennemi de Bazoum Mohamed, c’est le PNDS-Tarayya ». Le président de la République a hérité d’un pouvoir qui a réussi à réduire au silence toute opposition : des adversaires politiques échaudés, une société civile mise au pas, une presse privée majoritairement asservie à coups de bakchichs. Le PNDS-Tarayya reste le seul obstacle qui empêche à Bazoum Mohamed de dérouler son programme de gouvernance conformément aux promesses qu’il a faites aux Nigériens.
La purge impossible
Clientélisme, affairisme, interventionnisme, corruption, impunité, telles sont les principales tares érigées en mode de gouvernance singulièrement sous le second mandat d’Issoufou Mahamadou. Le jour de sa prise de fonction, Bazoum Mohamed a eu le courage politique de reconnaître : « la prévalence de pratiques de concussion et de corruption au sein de l’administration ». À la grande déception des Nigériens, dix-huit (18) mois après sa prestation de serment, le président de la République est toujours au stade du constat. « Je serai implacable contre les délinquants parce que j’ai conscience du tort que porte la corruption au développement du pays. Elle constitue par ailleurs une grave source de discrédit pour un régime et comme telle, elle est un grand facteur d’insécurité », a promis Bazoum Mohamed. À l’épreuve du pouvoir, le successeur d’Issoufou Mahamadou a vite cédé au désenchantement. Au Niger, lutter contre la corruption de manière juste et implacable, c’est envoyer un nombre incalculable de Tarrayistes (et pas des moindres !) derrière les barreaux pour le restant de leurs jours. La moralisation de la vie publique et politique dans notre pays passe nécessairement par une purge à grande échelle au sein du parti au pouvoir. Autant parler d’une mission impossible pour le président de la République. Bazoum Mohamed veut bien s’attaquer à la corruption au Niger, mais il n’a pas les coudées franches, il est prisonnier de sa propre famille politique.
Pieds et poings liés
Absence de visibilité, ainsi peut-on résumer ce début de mandat de Bazoum Mohamed. Aucun des chantiers phares du président de la République (la lutte contre la corruption, l’éducation, la sécurité et l’économie) ne connaît le moindre envol.
Ce n’est pas la volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière qui manque à Bazoum Mohamed, il est plutôt pieds et poings liés, à la merci du parti qu’il a contribué à créer. Le chef de l’État n’arrive pas à marquer de son empreinte la conduite de la Cité. Du moins, pas de la manière dont il le souhaite, ce qui laisse un arrière-goût de déception à pas mal de Nigériens. Jusqu’où et jusqu’à quand le PNDS-Tarraya va-t-il contrarier le président de la République dans l’atteinte de ses objectifs ? Bazoum Mohamed peut-il se défaire de l’emprise de ses camarades politiques ? Une chose est sûre, le temps ne s’annonce pas comme le meilleur allié de Bazoum Mohamed. Selon nombre d’observateurs, les choses risquent de s’empirer après le Congrès ordinaire du PNDS-Tarraya prévu se tenir en décembre prochain. Pauvre Bazoum !