De violents heurts à N’Djamena et dans plusieurs autres villes du Tchad, ce jeudi 20 octobre, entre les forces de l’ordre et des manifestants opposés à la prolongation de la période de transition de 24 mois supplémentaires par Mahamat Déby à l’issue d’un prétendu ‘’dialogue national inclusif et souverain’’ ont occasionné plusieurs dizaines de morts parmi les manifestants (le dernier bilan fait étant de plus de 50 morts) et plus de 300 blessés. Si Paris a condamné du bout des lèvres cette répression brutale, violente et sanglante, c’est silence radio du côté de Niamey. Un silence des autorités qui illustre une nouvelle démonétisation de la parole politique, celle qui conduit inéluctablement à l’érosion des valeurs démocratiques. Cela reviendra à dire : ne croyez pas en nos discours. Nous prêchons les droits humains, la liberté et la démocratie dans les relations internationales, mais si jamais un ‘’ami’’ à nous est indexé pour la violation de ces valeurs, nous ne bougerons pas le petit doigt. Les chiens peuvent aboyer, mais la caravane du ‘’soutien inconditionnel’’ doit passer.
Mais la politique du Niger sous la Renaissance, réduite à cette composante, se piège elle même, et risque de s’aliéner de façon croissante les peuples africains, particulièrement les jeunes générations.
Et il serait trompeur de penser que ces voix – celles de la jeunesse africaine, de l’opposition, de la société civile et des rébellions armées tchadiennes – ne sont qu’un bruit sans lendemain. L’Afrique entière regarde le Tchad, et s’interroge à la fois sur le devenir de ce pays plongé dans l’inconnu, mais aussi sur ce que la position du Niger et surtout de la France signifiera pour l’avenir.
La crise tchadienne nous montre une fois de plus l’incohérence et la duplicité de la diplomatie nigérienne et révèle les tares de la gouvernance sous la Renaissance 3. Elle signe l’échec de la diplomatie façon Bazoum Mohamed qui parle élections et démocratie au Mali, mais reste complaisant et étrangement silencieux dans les pays ‘’franco-compatibles’’ comme le Tchad où des manifestants pacifiques meurent sous les balles assassines des forces de l’ordre.