Le Niger est une démocratie de faible intensité. La classe politique a l’apparence, pas l’essence. Les mots, pas la culture. Ce phénomène s’est accentué pendant ces onze (11) années de règne de la Renaissance caractérisée par la corruption, l’impunité, l’enrichissement sur le bien commun, les atteintes répétées aux libertés individuelles et collectives, les élections truquées. L’autre faiblesse récurrente de notre système politique, c’est l’appropriation du pays par les politiques. Ils ne se comportent pas en mandataires des biens publics mais en propriétaires de ces biens. Une minorité politique et des gens qui gravitent autour des premiers cercles du pouvoir s’accaparent de l’essentiel des richesses produites par le pays. Nous ne sommes plus dans un contexte où ceux qui étaient en haut justifiaient leur position par l’amélioration du sort de ceux d’en bas. Bien au contraire, nous vivons un moment où une majorité de la population constituée de catégories diverses (étudiants, ouvriers, paysans, employés, cadres supérieurs) se sent dépossédée de tout : la perte de son pouvoir d’achat, du niveau de leur bien-être matériel. Les privations touchent aussi l’accès à l’éducation, aux services de santé, à l’eau potable, à la liberté d’expression etc. Et l’on semble avoir atteint le point de non-retour de cette paupérisation économique et sociale. Une situation qui risque de provoquer demain, si l’on n’y prend garde, de violentes et imprévisibles éruptions sociales.
Mais d’ores et déjà, la colère monte ici et là avec la crainte que nos enfants auront une vie pire que la nôtre. C’est pourquoi ces dysfonctionnements qui touchent le cœur de notre démocratie doivent conduire à une refonte radicale de notre système démocratique afin de le purger de ces politiques qui le défigurent, cette brochette d’élus et fonctionnaires totalement corrompus et incompétents. Mais le redressement du Niger reste devant nous et ne dépend que de chacun de nous. Pour cela, nous avons besoin de nous unir avec la volonté de refonder notre pays si tant il est vrai que nous aspirons à un Niger meilleur. Il ne faut pas s’attendre à ce que la classe politique, mue seulement par ses intérêts et sa cupidité, change ce système politique bancal, archaïque et déréglé qui l’arrange grandement.