La ville de Maradi a connu, ce samedi 22 octobre 2022, une vive agitation à l’occasion du Conseil fédéral régional du PNDS-Tarayya, principal parti au pouvoir, a-t-on appris de source locale. Les travaux du Conseil ont été perturbés par des étudiants de l’Université Dan Dicko Dankoulodo qui ont investi par surprise l’endroit où se tenait la rencontre et se sont mis à tout saccager. Il aura fallu l’intervention de la force publique pour disperser les manifestants en furie à coup de bombes lacrymogènes. Une intervention qui a débouché sur l’arrestation des principaux responsables de la structure estudiantine. Qu’est-ce qui a pu susciter ce déferlement de violence des étudiants de l’université de Maradi contre une réunion d’un parti politique ? L’affaire qui a pris cette tournure actuellement est née d’une décision du ministre de l’Enseignement supérieur qui a décidé de délocaliser le département de Pharmacie pour le rattacher à l’université de Niamey. La décision ministérielle qui peine à se matérialiser ne date pas d’aujourd’hui. Mais cette année, pour accélérer le processus, l’on apprend de source universitaire que le ministre Mamoudou Djibo PhD a instruit le Recteur de ne pas autoriser les inscriptions en première année. Entre autres motifs invoqués par le ministre pour justifier sa décision, qui ne concerne pas uniquement le département de Pharmacie de l’université Dan Dicko Dankoulodo, figurent notamment le manque de ressources humaines (enseignants, personnel d’appui technique, etc.) et d’infrastructures adéquates (salles de cours, laboratoires, etc.). Déjà qu’ils sont confrontés à des problèmes d’arriérés de bourses et d’autres problèmes d’ordre académique qui les ont poussés d’ailleurs à décréter 72 heures d’arrêt de travail par intermittence, cette décision de délocalisation du département de Pharmacie est venue s’ajouter pour raviver la tension.
Mais l’étincelle qui a provoqué le déferlement de violence de la part des étudiants a été cette note d’instruction, en date du 21 octobre dernier, relative à la suspension des prestations sociales adressée par le ministre Mamoudou Djibo aux directeurs des Centres régionaux des œuvres universitaires (CROU) des 8 régions du pays. La note adressée au Recteur de l’université de Maradi est ainsi libellée : ‘’Face à l’entêtement persistant des étudiants de l’UDDM de boycotter les activités académiques, je vous instruis de suspendre les prestations relatives à la restauration et au transport d’étudiants si leur mouvement de boycott devait durer 24 heures encore’’. Pour les étudiants, il s’agit là d’un acte intolérable d’où leur décision d’aller perturber violemment les travaux du Conseil fédéral régional du PNDS. Cette crise est partie pour durer un temps avec le comportement du ministre qui est apparemment dans une logique de bras-de-fer avec les étudiants de l’UDDM. Non soulagé par l’arrestation des leaders estudiantins, Mamoudou Djibo a instruit le Recteur de recourir aux Forces de défense et de sécurité (FDS) pour assurer le maintien de la sécurité et de l’ordre sur l’ensemble des sites de l’université. Ce que le Recteur n’a pas mis du temps à faire en adressant une requête à qui de droit portant ‘’autorisation des franchises universitaires’’. Dans la requête, Dr. Sani Mamane dit autoriser ‘’Les Forces de défense et de sécurité (FDS) de la région de Maradi à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ainsi que le maintien de l’ordre sur l’ensemble des sites de l’université en raison de la situation instable qui prévaut à l’UDDM du 22 octobre au 22 nombre 2022’’. Loin d’être la solution idoine pour ramener la stabilité et la reprise des activités académiques, cette décision risque plutôt d’aggraver la crise en poussant les étudiants à durcir leur mouvement. On n’éteint pas le feu en y versant de l’huile. C’est malheureusement ce que font le ministre Mamoudou Djibo et le Recteur de l’université Dan Dicko Dankoulodo.