« On ne négocie pas avec les terroristes », cette sentence a été maintes fois prononcée ces années-ci. Plusieurs gouvernements rejettent en bloc toute idée de parlementer avec les preneurs d’otages et autres poseurs de bombe. Certains dirigeants n’hésitent pas à opter pour la méthode radicale. Début août 1999, l’armée russe intervient dans le Caucase pour repousser un groupe d’extrémistes islamistes venus de Tchétchénie, qui occupent quatre villages au sud du Daghestan. À la suite d’une succession d’attentats meurtriers en Russie fin août, attribués par le pouvoir russe aux Tchétchènes, Vladimir Poutine, Premier ministre, fait bombarder la ville de Grozny. Et veut « buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes !».
À Tamou, le régime de Bazoum Mohamed n’est pas allé chercher les terroristes dans les toilettes : « l’intervention aérienne fut ordonnée pour détruire cette présence ennemie et les hangars refuges. Les reconnaissances au sol, après l’opération, ont permis de confirmer la destruction des cibles et de retrouver cinq corps sur zones », lit-on dans un communiqué du ministère de la Défense nationale nigérien. La polémique est à la hauteur du flou autour de cette action militaire. Pour nombre d’observateurs, le bombardement a été déclenché sans tenir compte du fait que des innocents pourraient s’y trouver sous les hangars visés. Cette absence de précaution n’est pas sans rappeler l’expression : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! » Cette locution qui nous vient de l’époque des Croisades du Moyen Âge est utilisée chaque fois que sont indifféremment visés des coupables et des innocents. Est-ce le cas à Tamou ? Une très grande frange de l’opinion publique nigérienne en est convaincue. « […] Les personnes qui sont mortes, ce sont ces personnes-là qui sont venues se réfugier dans les hangars », a déclaré le ministre de l’Intérieur en visite sur le site de Tamou. Le gouvernement a-t-il la preuve formelle que ce sont uniquement des terroristes qui ont péri dans ce raid aérien ? Rien n’est moins sûr.