Dans un pays où l’islam est la religion prédominante, un ministre du Commerce est tout à fait dans son rôle quand il sillonne les marchés et les établissements d’alimentation générale pour s’enquérir de la disponibilité des marchandises, surtout à l’approche du mois de Ramadan. Le ministre Alkache Alhada s’est adonné à cet exercice, vendredi 10 mars 2023, en faisant le tour de certains marchés et grands établissements de la capitale pour s’entretenir avec les commerçants de l’état d’approvisionnement du pays en produits alimentaires de première nécessité et les prix desdits produits. Il lui faut bien meubler son temps, sortir de son bureau climatisé, pour chercher à montrer aux consommateurs qu’il se préoccupe de leur pouvoir d’achat en cette veille du mois béni de l’Islam.
Sa visite des marchés et établissements commerciaux a certainement été perçue comme ça par de nombreux consommateurs qui s’attendaient plutôt à des mesures spéciales du gouvernement allant dans le sens de leur faciliter l’accès aux denrées alimentaires. La disponibilité en quantité de celles-ci sur les marchés est certes une bonne chose, mais le plus important aux yeux des consommateurs, c’est surtout leur accessibilité au plus grand nombre. ‘’Je suis entièrement satisfait de de ce que je viens de constater au niveau des marchés et je peux vous dire que la satisfaction est totale (…) Les produits sont tous disponibles, qu’il s’agisse des céréales, des légumes et autres produits alimentaires comme le sucre, les pâtes alimentaires qui pendant la période de Ramadan constituent les produits de grande consommation des populations’’, s’est réjoui le ministre Alhada. Selon lui, les commerçants fournissent déjà de gros efforts en assurant régulièrement l’approvisionnement des marchés sur l’ensemble du territoire. Entre nous, quand le pouvoir d’achat des citoyens s’est tellement érodé ces dernières années qu’il ne leur permet même plus d’accéder à ces produits, quelle satisfaction peut-on tirer de leur abondance sur le marché ? C’est un constat irréfutable. Aujourd’hui, dans les centres urbains comme en campagne, c’est une lutte de survie quotidienne que mènent l’écrasante majorité des ménages, du fait notamment de la maigreur des revenus dans un contexte de flambée continue des prix des produits alimentaires et des biens non alimentaires sur les marchés. A défaut de consentir un abattement des prix des produits à l’occasion du Ramadan, le ministre a souhaité qu’ils soient au moins maintenus en leur état actuel. Des prix qui ne sont pas déjà à la portée des bourses faibles, le carton de sucre de 25kg de la marque Saint Louis coûtant présentement 30.000 francs CFA et celui de la marque Oriba (20kg) 17.500 francs, selon les tarifications du ministère du Commerce. Les commerçants ont pris l’engagement pour certains de baisser les prix et pour d’autres de les maintenir en l’état, en vue de faciliter la vie aux consommateurs durant cette période exceptionnelle. Respecteront-ils seulement cet engagement ? Rien n’est moins sûr ! Surtout quand on sait que le collectif des syndicats des commerçants grossistes importateurs-exportateurs et celui des agents des transits est à couteaux tirés avec le gouvernement depuis l’imposition unilatérale par ce dernier de la facture certifiée qu’il a décidé de combattre. Dans le cadre justement de cette lutte, le collectif projette d’observer une grève de 48 heures cette semaine (les jeudi 16 et vendredi 18 mars), en guise de protestation contre la facture certifiée mais aussi de l’incivisme fiscal au niveau du cordon douanier. Dans leur préavis de grève, il exige aussi du gouvernement ‘’la mise en place d’un dispositif d’installation des propriétaires des kiosques destinés au commerce aux abords des carrefours et ronds-points, des vendeurs ambulants qui sont sur les trottoirs autour des différents marchés de Niamey avant leur déguerpissement’’ que s’apprête à faire les autorités. Porteurs de telles revendications que l’Exécutif rechigne à satisfaire, l’on doute fort que les commerçants veuillent consentir des réductions sur les prix des produits alimentaires pour soulager un tant soit peu les consommateurs durant ce mois béni de Ramadan, qui débutera la semaine prochaine.