En visite d’amitié et de travail de 48 heures au Bénin, le président Mohamed Bazoum a visité, mardi 14 mars 2023, la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ). Le chef de l’État y a visité l’unité de transformation de la noix de cajou et l’usine de confection de vêtement à partir du coton produit au Bénin. Très impressionné par ce qu’il a vu, Mohamed Bazoum entend développer un projet similaire au Niger. En attendant, les Béninois ont pu démontrer comment en peu de temps on peut transformer l’économie d’un pays. Le Bénin est en effet en train de passer aujourd’hui d’une économie de commerce à une économie d’industrialisation. Et pendant ce temps, qu’en est-il au Niger ?
Des discours, rien que des discours
Le 26 juillet 2019, le Conseil des Ministres présidé par le président Issoufou Mahamadou a adopté, au titre du Ministère des Domaines, de l’Urbanisme et du Logement, un projet de décret déclarant d’utilité publique les opérations de création de la seconde zone industrielle de Niamey située sur le plateau de Bougoum (RN 6, axe Niamey – Torodi). « Le développement du secteur privé est l’une des priorités du Gouvernement qui s’engage notamment, à travers la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre, à sauvegarder toutes les unités industrielles existantes et à créer les conditions de l’émergence de nouvelles », a dit le Conseil des Ministres. Près de quatre (4) ans après cette annonce, les travaux de construction de cette zone franche industrielle d’exportation ne sont toujours pas près de voir le jour. Alors que ces dernières années de nombreux pays africains cherchent à diversifier leurs économies et à promouvoir le développement industriel, le Niger, qui a un des plus grands cheptels en Afrique, continue d’importer du lait de France et de Hollande. « L’économie africaine reste peu industrialisée, et l’Afrique exporte de la matière première à très peu de valeurs ajoutées, tandis qu’elle importe des produits manufacturés à fortes valeurs ajoutées, a expliqué le président nigérien Mohamed Bazoum. Nous devons donc piloter le processus d’industrialisation, en adoptant une stratégie robuste et sans regret », a dit le chef de l’Etat lors du double sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur l’industrialisation et la diversification économique africaine et celui sur la Zone de libre-échange continentale en Afrique (Zlécaf), organisé en novembre 2022 à Niamey. Mais l’industrialisation et la diversification économique sont loin d’être des réalités au Niger, où la loi de finances pour l’année budgétaire 2023 a prévu une somme de 570.197.218 francs CFA au titre du programme « Promotion industrielle » et une autre somme de 126.831.367 francs CFA au titre du programme « Promotion de l’entreprenariat des jeunes ». Avec de modiques sommes, il y a donc urgence pour le Niger, pays situé à la 39e place de l’indice de l’industrialisation en Afrique, de mettre en œuvre une politique industrielle plus proactive, même si cela nécessite des connaissances approfondies et une compréhension détaillée des contraintes et des opportunités auxquelles il est confronté. Selon le rapport « Indice 2022 de l’industrialisation en Afrique », publié le 24 novembre 2022 par la Banque africaine de développement (BAD) en collaboration avec l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), le Niger fait partie des dix (10) pays qui ont accusé les plus fortes régressions au niveau du classement, chacun de ces pays ayant perdu au moins quatre rangs entre 2010 et 2021.