La promesse faite par les commerçants au ministre Alkache Alhada de ne pas augmenter les prix des produits de première nécessité durant le Ramadan a fait flop ! La tendance au ciel des prix des denrées importées se poursuit inexorablement, installant les consommateurs dans un profond désarroi. Avec un pouvoir d’achat érodé, en l’absence de mesures gouvernementales d’atténuation de l’inflation galopante, la nourriture de qualité n’est plus à la portée des Nigériens.
Facteurs exogènes de la flambée
Il est indéniable que la guerre en Ukraine qui a provoqué une flambée du coût des énergies a un lien étroit avec l’augmentation débridée des prix des produits alimentaires comme des biens non alimentaires qui s’observe un peu partout dans le monde, depuis bientôt deux ans. Disons que cette guerre est plutôt venue aggraver une situation provoquée par la crise sanitaire du Covid-19, car c’est cette pandémie qui a ralenti drastiquement les échanges commerciaux, entrainant de facto des pénuries alimentaires et conséquemment une hausse des prix des produits alimentaires. En tant que pays continental sans littoral, le Niger est encore plus vulnérable aux risques de rupture d’approvisionnement et au renchérissement continu des prix des produits alimentaires. En dépit de cela, le gouvernement n’a initié aucune mesure visant à contenir la hausse des prix des produits alimentaires importés. A l’époque déjà [au moment de la hausse provoquée par la pandémie du Covid-19], le ministre du Commerce, Alkache Alhada, a invoqué la théorie de ‘’la loi de l’offre et la demande’’ pour légitimer la hausse des prix de certaines denrées alimentaires de première nécessité comme le sucre, le lait, l’huile, la farine, le riz, etc. Les Nigériens dont le revenu ne leur permet plus d’accéder à ces produits n’ont qu’à y renoncer pour se contenter d’autre chose. C’était ça le raisonnement du ministre du Commerce, considérant apparemment les denrées de première nécessité comme étant des produits de luxe. Du coup, les mesures d’accompagnement ponctuelles initiées par le gouvernement n’ont concerné que les céréales locales (mil, sorgho, maïs) et se sont juste traduites par des opérations de vente à prix modéré au profit des couches sociales vulnérables. C’est tout !
Seuil d’alerte franchi
La hausse inexorable des prix des produits alimentaires a poussé les partenaires sociaux à sortir de leur léthargie depuis le début de cette année 2023 pour interpeller le gouvernement sur sa responsabilité dans la dégradation de la situation. Cette préoccupation relative à la vie chère figure en bonne place parmi les revendications de l’Unité d’Actions Syndicales du Niger (UAS), la coalition de 14 centrales syndicales créée le 18 février dernier, pour engager un bras de fer contre le gouvernement. Au nombre de ses doléances, elle exige ‘’la réduction des prix à la pompe de l’essence et du gasoil, celle des prix de tous les produits de première nécessité (le lait, le sucre, la farine, le riz, l’huile, l’internet, l’eau, l’électricité, le transport…)’’ Le collectif des syndicats des commerçants importateurs/exportateurs et grossistes du Niger, qui est aussi à couteaux tirés avec le gouvernement relativement à la facture certifiée, se dit également sensible aux souffrances des consommateurs engendrées par le surenchérissement sauvage du coût de la vie. Devant ce constat alarmant, Elhadj Sani Chékaraou Garo, président du syndicat, avait prédit un jeûne difficile pour les fidèles cette année. ‘’Cette année, il y aura beaucoup de difficultés. Comment les fidèles vont-ils accomplir le jeûne avec le sac de sucre de 50 kg qui coûte déjà plus de 30.000 francs ? Si déjà à présent, nous avons atteint ce seuil, comment les pauvres peuvent-ils s’en procurer ? Le gens seront obligés de se rabattre sur le tamarin et autres’’, s’est inquiété Elhadj Garo.
Réadaptation dolé
Les revenus des consommateurs nigériens à la base n’ayant pas connu une quelconque revalorisation depuis plus d’une décennie aujourd’hui, la tendance au ciel des prix des produits alimentaires les contraint à se réadapter pour survivre. Durant ce mois de Ramadan, ils sont obligés de faire l’impasse sur de nombreux aliments disponibles sur le marché, mais devenus inaccessibles pour les bourses modestes. A commencer par la viande rouge dont le prix du kilo fluctue du jour au lendemain depuis le début du jeûne. Passe encore pour la viande, la volaille locale et le poisson frais provenant des cours d’eau locaux sont carrément des aliments de luxe actuellement au regard de leur coût exorbitant. Le moindre petit poulet ne se négocie pas à moins de 3.500 francs CFA sur le marché. Et les prix sont appelés à grimper au fur et à mesure qu’on tend vers la fête de Ramadan. Faute de moyens, les consommateurs se rabattent sur les œufs, les volailles et poissons surgelés importés dont les coûts sont plus ou moins abordables. La qualité de l’alimentation a cessé d’être un souci pour les citoyens à la base, l’essentiel est qu’ils trouvent de quoi mettre dans la bouche. Jusqu’à quand cette situation de paupérisation continue des populations par les Renaissants va-t-elle perdurer ? n
I. Seyni