L’acte paraît curieux pour passer inaperçu. Le Secrétariat Général du Gouvernement (SGG) a publié, mercredi 29 mars 2023, un communiqué portant promotion par décret présidentiel d’officiers des forces armées nigériennes (FAN) et de la Gendarmerie Nationale au titre de l’avancement normal pour l’année budgétaire 2023. Deux officiers de l’armée sont promus à de grades supérieurs aux termes de ce premier décret signé le 27 mars, qui prend effet à compter de ce 1er avril 2023 : le Colonel Abdou Miko qui accède au grade de Colonel-major et le Lieutenant-colonel Djibrilla Adamou Harouna qui arborera désormais le grade de Colonel.
A la Gendarmerie Nationale, il n’y a pas eu de postulant. Jeudi 30 mars 2023, soit le lendemain de la diffusion du premier décret, le Secrétariat Général du Gouvernement publie un autre communiqué portant, cette fois-ci, promotion d’officiers généraux et supérieurs des FAN et de la Gendarmerie Nationale à des grades supérieurs. Signé le 29 mars par le président Bazoum Mohamed, ce deuxième décret consacre la promotion de trois (3) officiers généraux des FAN et d’un officier supérieur de la Gendarmerie. Il s’agit respectivement du Général de Division Salifou Mody (le CEMA) qui accède au grade de Général de Corps d’Armée ; du Général de Brigade Abdou Sidikou Issa qui passe au grade de Général de Division ; du Général de Brigade Mahamadou Abou Tarka, qui monte aussi au grade de Général de Division et, enfin du Colonel-major de la Gendarmerie Ibrahim Bagadoma Mahamadou qui accède au grade de Général de Brigade. Première remarque : c’est le jour de la publication officielle du décret portant promotion légale [avancement normal] des deux officiers supérieurs des FAN que celui relatif à la promotion des officiers généraux a été signé, précisément le 29 mars. Concernant ces derniers, s’agit-il de promotions à titre exceptionnel ? Pour sûr, ce n’est pas explicitement mentionné dans le décret. Tout comme d’ailleurs n’est pas mentionnée la date de prise d’effets des promotions aux grades supérieurs desdits officiers généraux dans le communiqué du SGG, comme c’est le cas dans celui relatif aux officiers bénéficiaires de l’avancement normal. A moins bien évidemment que ce ne soient les textes régissant le fonctionnement de l’Armée qui le prévoient ainsi, l’absence de ce détail sur la prise d’effets suscite naturellement des interrogations. Qu’est-ce qui peut bien justifier ces promotions exceptionnelles ? Les nouveaux promus se sont-ils brillamment distingués à travers des hauts faits dans le cadre de l’accomplissement de leurs missions ? Ou s’agit-il juste de promotions discrétionnaires dont le président de la République détient seul l’apanage en tant que chef suprême des Armées ? L’un dans l’autre, ce gonflement continue des effectifs des hauts gradés au sein des FDS à laquelle l’on assiste, surtout ces dernières années, a un coût important sur le budget de l’Etat. C’est indéniable. Mais pour quels résultats ? Telle est la question !
La plus-value attendue
Le nombre d’officiers généraux de l’Armée, qui se comptaient sur les bouts des doigts jusqu’à une époque récente [sous la 5e République notamment] est aujourd’hui fort appréciable. Si la promotion d’officiers généraux et supérieurs des forces armées nigériennes peut apporter plusieurs avantages dans la lutte contre le terrorisme notamment aider à identifier les tactiques et les stratégies efficaces pour lutter contre les terroristes, jouer un rôle clé dans la prise de décisions et la direction des forces armées – ce qui peut améliorer la coordination et l’efficacité des opérations de lutte contre le terrorisme -, il n’en demeure moins que la promotion à elle seule des officiers généraux est une réponse creuse de l’Exécutif qui ne suffit pas face aux insurrections djihadistes. Si les officiers généraux et supérieurs peuvent avoir des années d’expérience et de connaissances, cela ne garantit pas qu’ils soient suffisamment formés pour faire face aux défis spécifiques de la lutte contre le terrorisme qui est la préoccupation du moment. En outre, si les promotions sont concentrées sur un petit groupe d’officiers, cela pourrait créer des tensions entre eux et les officiers moins promus, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la coordination et la collaboration des forces armées. L’urgence donc c’est de privilégier la formation des troupes et leur équipement afin d’obtenir des résultats significatifs dans la lutte contre le terrorisme.