Plusieurs enquêtes menées par les autorités américaines et françaises révèlent des détails sur les bénéficiaires d’opérations menées par Areva au Niger en 2011. Issoufou Mahamadou risque-t-il d’être rattrapé par ‘’l’Uranium Gate’’ ?
Une affaire, des rebondissements
‘’OKI General Trading (un prestataire du département d’État) est récemment apparue sur les radars : son nom a refait surface au cours d’une enquête menée par les autorités américaines et françaises sur le groupe de gestion de fortune suisso-émirati Helin International’’, rapporte Africa Intelligence (AI) dans sa parution du 27 avril 2023. Jusqu’ici, aucun lien n’est perceptible entre les activités de OKI et le Niger. Mais les limiers ont une piste : ‘’Les enquêteurs américains s’étonnent de voir le nom d’un fournisseur officiel du département d’État apparaître parmi les bénéficiaires d’importants virements émis il y a plus de dix ans par l’un des véhicules financiers de Helin International, dénommé Energy Standard Trading FZE. Cette entité est suspectée d’avoir été utilisée par les frères Cröy pour rétribuer une poignée d’acteurs impliqués dans la vente à perte de 2.500 tonnes d’uranium achetées auprès de la Société du patrimoine des mines du Niger (SOPAMIN). Effectuée fin 2011, l’opération a coûté 101 millions de dollars au groupe français Areva, renommé depuis Orano’’, écrit AI. Nous voilà donc au Niger d’où est partie l’affaire.
Qui se cache derrière ‘’T3’’ ?
Africa Intelligence poursuit : ‘’Dans des documents internes de comptabilité de Helin International est mentionné un certain “T3”. Un nom de code que des éléments de l’enquête américaine tendent à attribuer à l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou. Actuel médiateur de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Burkina Faso, il se retrouve suspecté d’avoir perçu 2,6 millions de dollars virés par Energy Standard Trading FZE sur un compte de la Standard Chartered Bank de Dubaï appartenant à OKI International Trading LLC, le 14 mars 2012. Ce dont il s’est toujours défendu’’. L’ex chef de l’État est-il réellement impliqué dans cette combine ? ‘’Côté américain, les enquêteurs s’appuient entre autres sur la relation étroite entre Mahamadou Issoufou et Prakash Lalchandani, fondateur du conglomérat indien Satguru Group, société mère d’OKI. Ce dernier a été personnellement décoré de l’ordre du mérite en avril 2021 par l’ancien chef de l’État nigérien. Propriétaire de la chaîne hôtelière Bravia, présente à Ouagadougou, Lomé, et Niamey, il a également officié comme consul honoraire de l’Inde au Niger pendant plusieurs années’’, lit-on dans la publication d’AI. C’est peu de le dire, les activités de Prakash Lalchandani sont plus que visibles dans notre pays. L’homme d’affaires indien a-t-il bénéficié de quelques appuis du temps d’Issoufou Mahamadou ? C’est fort possible.
Des nuits d’insomnie
‘’À l’heure où les autorités, notamment américaines et françaises, tentent d’identifier le reste des intermédiaires concernés, la poursuite des investigations risque de compromettre davantage les relations entre Niamey et Orano, déjà sérieusement ébranlées par les négociations autour du projet d’extraction d’Imouraren’’, écrit AI. Une chose est certaine, ‘’l’Uranium Gate’’ risque de rattraper plusieurs personnalités politiques de notre pays. Le 26 avril 2017, la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur cette affaire a transmis son rapport au gouvernement. « Niamey réalise une plus-value d’un peu plus de 800.000 dollars, en ayant accepté de servir d’intermédiaire pour Areva […] la somme a été investie dans la sécurisation des sites miniers du pays », disent en substance les conclusions de la commission d’enquête parlementaire. Une version qui contredit les premières déclarations de Hassoumi Massaoudou, à l’époque directeur de cabinet du président Issoufou, pour qui, l’argent aurait plutôt servi à booster l’artillerie de la présidence de la République. Dans un point de presse qu’il a animé au plus fort de la polémique, Hassoumi Massaoudou a reconnu avoir signé l’ordre de transfert d’argent effectué par la SOPAMIN. Sauf que Hamma Amadou, alors parton de la SOPAMIN, n’a pas été mis au courant de cette transaction. Il est évident que la vérité n’a pas été dite aux Nigériens. Les enquêtes menées par les autorités américaines et françaises doivent provoquer de grosses insomnies dans certains milieux à Niamey.
Affaire à suivre…
La Rédaction