Dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique à paraître en juin prochain, Bazoum Mohamed a affirmé :
‘’Les Volontaires de la patrie (VDP) au Burkina, si c’était la solution, nous l’aurions choisi, mais ce n’est pas le cas. … Les VDP ne sont pas la solution, distribuer des armes à des civils, c’est une erreur tragique. Vous les exposez à deux types de risque, celui d’en faire des proies faciles pour les terroristes, de la chair à canon en quelque sorte, et il pourra se multiplier les abus et exactions car nul ne contrôle la moralité, le comportement de ces gens recrutés à la hâte et lâchés dans la nature. Et hélas, c’est exactement ce qui se passe’’.
Sur le Mali, il a demandé au colonel Assimi Goïta ‘’de ne pas se représenter à l’élection présidentielle au Mali prévue pour l’année prochaine’’.
Comme on le voit, le président de la République s’est auto-proclamé expert des affaires du Burkina Faso et du Mali.
Au Niger, le chef de l’Etat minimise le sentiment anti-français. Quel sentiment anti-français semble-t-il dire : ‘’Le sentiment anti-français est un phénomène urbain. Je me contrefiche de ce que ces gens-là peuvent penser. Au Niger, ce n’est pas un problème sérieux.’’
Ces déclarations ne sont pas sans risque pour Bazoum Mohamed tant sur le plan interne qu’international. Le fait de critiquer ouvertement les choix stratégiques du Burkina Faso et du Mali pourrait entraîner une dégradation des relations bilatérales entre le Niger et ces pays. Cela peut potentiellement conduire à une diminution de la coopération dans des domaines essentiels, comme la sécurité régionale ou le commerce. Au-delà des relations bilatérales, les déclarations de Bazoum peuvent aussi l’isoler sur la scène régionale. En effet, en se posant en “expert” des affaires d’autres pays, il risque d’irriter d’autres leaders de la région, ce qui pourrait nuire à la position du Niger au sein d’organisations telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou l’Union africaine (UA) sans compter que Bazoum risque de s’aliéner les partenaires internationaux qui soutiennent ces stratégies. Au Niger, en minimisant le sentiment anti-français, le chef de l’Etat peut être perçu comme déconnecté des réalités. Cela peut contribuer à une diminution de son soutien au sein de la population, notamment parmi les jeunes urbains, qui sont souvent à l’avant-garde de ces mouvements d’opinion. Le fait de nier ou de minimiser le sentiment anti-français peut également conduire à une exacerbation de ce sentiment, surtout si les citoyens perçoivent le gouvernement comme étant trop proche de la France ou ignorant leurs préoccupations. Cela peut potentiellement conduire à des manifestations, voire à des troubles, ce qui peut déstabiliser le pays.