Le doute n’est plus ! Le contrôle intégral de la région de Tillabéri sur le plan sécuritaire échappe aujourd’hui aux autorités comme l’atteste ce communiqué-message du gouverneur de la région à l’attention notamment des organismes du système des Nations Unies et aux ONGs nationales et internationales intervenant dans ce vaste territoire de notre pays en proie depuis 2017 à une violence sans précédent de divers groupes terroristes.
Dans son message, le gouverneur présente l’état des axes routiers principaux et secondaires qui relient la région au reste du pays du point de vue sécuritaire.
Lorsqu’on regarde la reclassification desdits axes élaborée par le Conseil régional de la facilitation de Tillabéri, il est aisé de dire qu’il n’y a pas un seul qui présente la moindre garantie de sécurité, qu’il s’agisse des axes ‘’dits conditionnés’’ comme ceux qualifiés de ‘’verts’’.
La menace d’attaque terroriste est quasi-permanente de jour comme de nuit sur toutes les voies de communication de la région y compris celles reliant Niamey et Tillabéri. Autant donc ne même pas parler des axes Niamey-Téra ou encore Niamey-Makalondi qui sont sous la menace constante des bandes terroristes. Ou encore les axes Tillabéri-Ayorou, Tillabéri Gothèye, Tillabéri-Say, etc.
Paradoxe du communiqué, le gouverneur dit que ‘’l’escorte militaire n’est requise qu’en dernier recours même sur les axes mentionnés rouges’’, demandant aux organismes prioritairement concernés par le communiqué de ‘’prendre contact avec les autorités administratives (préfets, maires) ainsi que les responsables des opérations dans la zone tels que la 14e BIA/FAN, Almahaou ou Niyya à Gothèye pour tout mouvement sur le terrain’’.
Pour la circulation sur tous les axes secondaires de la région, il est vivement recommandé que cela se fasse en convoi d’au moins deux (2) véhicules, le respect des horaires (de 8 heures à 16 heures) et sur certains axes d’informer les Forces de défense et de sécurité (FDS) avant de prendre la route.
En quoi un convoi d’au moins deux véhicules civils sur ces axes peut-il dissuader ces bandits, qui ont l’habitude d’immobiliser de longues heures durant des files de véhicules sur des axes routiers de la région pour soumettre les occupants à des sévices ?
Certains usagers de ces axes routiers sont même carrément abattus froidement par ces criminels qui continuent d’exercer la terreur sur les populations civiles en dépit de la forte militarisation de la région renforcée par le déploiement de la force militaire française Barkhane depuis 2022 pour, justifie-t-on Niamey, prêter main forte à nos soldats dans la lutte contre les groupes djihadistes.
Tillabéri, l’isolement mortel
Quand on dit que Tillabéri est aujourd’hui une région agonisante, du fait de la violence terroriste à laquelle ses habitants sont quotidiennement exposés et de l’effondrement continu de son économie, des voix s’élèvent spontanément à Niamey, dans les cercles du pouvoir notamment, pour crier à une dramatisation de la situation sécuritaire qui y prévaut.
Elle est extrêmement grave, lorsque des dizaines de milliers d’enfants de la région ne vont plus à l’école depuis des années, lorsque l’accès à de soins de santé acceptables n’est plus garanti pour des dizaines de milliers de ménages depuis des années, lorsque des dizaines de villages se sont vidés depuis de leurs populations fuyant les exactions des bandes terroristes pour une durée indéterminée.
La sacralité de la vie humaine dont la protection est censée être assurée, en tout lieu et en toute circonstance, par l’Etat de par la Constitution a cessé d’être une réalité dans cette contrée de notre pays où les groupes terroristes ciblent leurs victimes et viennent exécuter leur sentence de jour comme de nuit sous le regard impuissant des habitants.
‘’Pas un seul centimètre carré de notre territoire n’est occupé à cette date par un quelconque groupe terroriste’’ est la réponse assénée, de façon mécanique, par les tenants du pouvoir à quiconque tente de susciter le vrai débat au sommet de l’Etat par rapport à la gestion de la crise sécuritaire.
Et comme pour montrer que cela constitue une prouesse de leur régime qui mérite d’être magnifiée, ces thuriféraires du système de la Renaissance versent épidermiquement dans une comparaison d’avec la situation sécuritaire au Mali et au Burkina Faso dont des portions de territoires seraient, selon eux, occupées par des groupes terroristes.
Quand la libre mobilité des populations dans cette région est devenue difficile, quand ses échanges commerciaux avec les autres régions du Niger et les pays limitrophes périclitent d’année en année, quand des villages entiers deviennent ‘’fantômes’’ parce que leurs habitants ont fui à cause de la pression des bandes terroristes qui opèrent dans la zone, etc., peut-on considérer qu’on assure mieux la sécurité que ses voisins limitrophes où l’ennemi a pu implanter, ici et là, ses drapeaux momentanément ?
Non ! Nous sommes tous logés à la même enseigne. Les souffrances des populations de certaines localités du septentrion malien et du Burkina Faso n’ont rien à envier à celles que vivent aujourd’hui celles de Tillabéri. Ce message du gouverneur sur l’état de la situation sécuritaire sur les axes de desserte de la région en est la parfaite illustration.