Dans une récente interview pour Jeune Afrique, le Président de la République, Bazoum Mohamed, a vanté les progrès réalisés sous la Renaissance pour améliorer les capacités des Forces de défense et de sécurité (FDS). Il a indiqué que les effectifs de la police et de la garde nationale ont respectivement quadruplé et plus que quadruplé en l’espace de dix ans. Cependant, ces affirmations ont suscité des questions sur leur véracité et leur efficacité.
Augmentation des effectifs, une réalité ou une illusion ?
Selon les chiffres du président, les effectifs de la police sont passés de 4.000 à 16.000 et ceux de la garde nationale de 4.000 à 17.000. Bien que les FDS aient vu une augmentation de leurs effectifs ces dernières années, la réalité de ces chiffres symboliques est mise en doute. La question se pose donc de savoir si les effectifs des FDS ont réellement atteint les niveaux annoncés par le Président.
Plus de FDS, moins de délits et/ou de crimes ?
L’approche sécuritaire du président, qui mise sur l’augmentation des effectifs, n’est pas nouvelle. Toutefois, l’efficacité de cette stratégie reste contestée. Il n’existe pas de lien systématique entre plus de policiers et moins de crimes ou délits ni même sur le sentiment d’insécurité des habitants.
Comme le soulignait le sociologue Robert Reiner : “Il n’y a pas de lien systématique entre plus de policiers et moins de crimes ou délits”. La criminalité et la délinquance sont influencées par de nombreux facteurs. L’exemple de Niamey, la capitale du Niger qui a connu une augmentation de l’insécurité malgré une présence policière renforcée, illustre bien cette réalité.
Lutte contre l’insurrection djihadiste, une stratégie inefficace ?
En outre, le Président a également annoncé que l’armée est passée de 10.000 à 40.000 militaires, et la gendarmerie de 3.000 à 15.000 gendarmes. Pourtant, il est clair que cette augmentation massive des effectifs n’a pas eu d’impact significatif sur la lutte contre l’insurrection djihadiste.
Le chercheur en sciences politiques David Kilcullen le résume bien : “Lutter contre le terrorisme ne se résume pas à une question de nombre de troupes. C’est une entreprise complexe qui nécessite une stratégie globale”. En clair, l’augmentation des effectifs, bien qu’elle soit un aspect important, ne garantit pas nécessairement une lutte efficace contre le terrorisme.
Il apparaît donc clairement que la stratégie de Bazoum Mohamed, axée principalement sur l’augmentation des effectifs des FDS, risque de ne pas être suffisamment efficace pour répondre aux défis sécuritaires du Niger. Pour réellement améliorer la sécurité et lutter contre le terrorisme, une approche plus globaliste, qui concerne tous les facteurs contribuant à la criminalité, semble nécessaire.
La Rédaction