Les entreprises publiques nigériennes sont caractérisées par un manque d’organisation, de coordination, de responsabilité et une absence de culture du sens de devoir. Mal gérées, elles supportent de nombreux coûts superfétatoires. Une situation qui impacte négativement leurs performances. C’est le cas de la Société nigérienne d’urbanisme et de construction immobilière (SONUCI), épinglée dans le rapport général public 2022 de la Cour des comptes et dont un ex – Directeur général et un ancien Directeur général intérimaire viennent d’être écroués à la prison civile de Niamey.
La performance de SONUCI mise à rude épreuve
A la SONUCI, on semble ignorer qu’il existe une relation positive entre une bonne gouvernance d’entreprise et les bonnes performances de celle-ci. Dans L’Enquêteur du 24 janvier 2023, nous rapportions une Inspection Générale d’Etat (IGE) à la SONUCI qui avait mis en évidence les contours d’une gestion opaque de l’entité de 2012 à 2022. Il a été relevé notamment des dettes cumulées injustifiées de l’ordre de 5 milliards de francs CFA. La Cour des comptes, elle, avait à l’issue de son contrôle de la gestion de la société au titre des exercices 2017 à 2019 relevé plusieurs manquements : une absence de description des procédures de gestion du personnel, de gestion comptable et financière, de gestion commerciale, des achats et ventes des parcelles et location des villas ; des dysfonctionnements des organes exécutifs et délibérants ; non approbation des états financiers 2017, 2018 et 2019 en violation de l’article 72 de l’Acte uniforme OHADA sur le droit comptable, non production des rapports du commissaire aux comptes au titre des exercices 2017, 2018 et 2019 en violation de l’article 715 de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales, etc. ; un octroi d’avantages indus au personnel et aux administrateurs ; une surfacturation de travaux (des travaux estimés à 563,07 millions de francs payés à 762,52 millions). A la suite de l’inspection générale (IGE), un rapport circonstancié a été transmis au Parquet de Niamey.
Deux anciens hauts responsables de SONUCI en prison
Ce jeudi 08 juin, plusieurs des personnes mises en cause dans le rapport de l’IGE ont été auditionnées par un juge d’instruction du pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Niamey. Les infractions reprochées vont du détournement de deniers publics au faux en écriture publique en passant par le blanchiment de capitaux. Les personnes auditionnées sont laissées en liberté à l’exception de deux d’entre elles, placées sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Niamey. Il s’agit de Mahamadou Tankari, ancien Directeur général, relevé de ses fonctions le 18 mai dernier, et de Zakari Yaou Abdou, un ancien DG intérimaire. Pour l’heure, le Ministre Moussa Hassane Baragé, actuel président de l’ANDP – Zaman Lahiya et ancien DG SONUCI, et Abdoulkarim Dan Malam, conseiller à la Présidence de la République, lui aussi ancien DG de SONUCI ne sont pas inquiétés. L’un et l’autre disposeraient-ils de solides soutiens politiques ?
L’ANDP face au dilemme Tankari
En prélude aux élections législatives partielles de la diaspora, prévues ce 18 juin, l’ANDP dont les listes ont été rejetées a reçu deux demandes de soutien de la part du PNDS – Tarayya et du PNPD – Akal Kassa. La question a été discutée ce vendredi 9 juin par le bureau politique de l’ANDP. L’arrestation de Mahamadou Tankari s’est tout naturellement invitée aux débats. Ceux dont l’arrachage du poste de DG SONUCI des mains de l’ANDP par le PNDS est resté en travers de leur gorge se sont opposés à tout soutien au parti présidentiel, mais ils ont été mis en minorité. Mahamadou Tankari est sacrifié : l’ANDP va soutenir le PNDS. Mais ce soutien risque de ne pas être entier : en Côte d’Ivoire, les militants ANDP ont décidé de soutenir le MPR – Jamhuriya.’’