La France est actuellement en proie à des convulsions sociales sans précédent. Une vague d’émeutes violentes déferle sur le pays, avec des voitures incendiées, des commerces pillés san relâche. Des manifestants, en grande majorité issus des banlieues, se sont engagés dans une bataille de rue sans merci contre la police. Le cœur du problème serait le profond ressentiment que ces populations éprouvent à l’encontre des forces de l’ordre, mais il est surtout lié à un sentiment d’abandon par l’État français.
À des milliers de kilomètres de là, au Niger, tous les indicateurs sont également réunis pour des protestations de masse à cause de la mauvaise gestion des dirigeants. Le ressentiment des populations y gronde sourdement, prêt à exploser. Des symptômes inquiétants – insécurité, corruption, élections truquées, coût élevé de la vie, effondrement du système éducatif et de santé – se sont multipliés, érodant peu à peu la patience du peuple. Depuis l’avènement de la Renaissance au pouvoir, il y a douze ans, une classe dirigeante opportuniste ne se comporte plus en mandataire des biens publics mais en propriétaire. L’essentiel de la richesse produite par le pays est aspiré par ces politiques et leur entourage, laissant la jeunesse, majoritaire, en état d’abandon, creusant ainsi un fossé toujours plus profond entre eux et les citoyens.
Le Niger, aujourd’hui, est un pays où l’air est chargé de frustrations accumulées. La jeunesse, se sentant de plus en plus acculée, peut avoir la sensation qu’elle n’a plus rien à perdre, et que risquer sa vie vaut mieux que de la voir s’éteindre dans l’indifférence générale. L’absence de libertés, cumulée au manque de perspectives d’avenir et l’accumulation des colères, créent une situation insoutenable, où chaque Nigérien se sent de plus en plus isolé, laissant place à une défiance généralisée à l’égard des institutions démocratiques et des dirigeants du pays. Le vrai défi des autorités est là : empêcher que de côte à côte aujourd’hui, les Nigériens vivent demain face à face. D’un appel au changement dans la gouvernance.