Le Ministre des Finances a présenté le 26 juin dernier le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) 2024-2026 devant les députés. Une occasion pour Ahmat Jidoud d’exposer les orientations et les choix du Gouvernement en matière de politique économique et sociale sur les trois ans à venir. Ce document évalue le niveau global des recettes attendues ainsi que les dépenses budgétaires. Les projections budgétaires sont établies sur la base d’une prévision de croissance du PIB de 13,5% en 2024, de 8,2% en 2025 et de 6,2% en 2026. Cette embellie attendue de l’économie nationale est expliquée par le Ministre des Finances par, entre autres facteurs, la mise en service du pipeline destiné à l’exportation du pétrole brut, la poursuite des grands projets structurants, la création de zones économiques spéciales, le développement des chaines de valeurs à travers les pôles agro-industriels et la promotion du secteur privé. Emporté par un fort optimisme, Ahmat Jidoud annonce que les ressources du budget général de l’Etat sont projetées à 3 636,26 milliards de francs CFA en 2024, contre 3 291,62 milliards de francs en 2023, soit une hausse de 10,47%. Ces ressources s’établiraient à 4 161,37 milliards de francs en 2026. Cette tendance haussière du budget général de l’Etat est expliquée par une augmentation attendue des ressources internes en lien avec l’exportation pétrolière. Ces ressources devraient atteindre 2 395,54 milliards de francs en 2026, contre 1 480,72 milliards prévus en 2023.
Mais toutes ces prévisions sont-elles solides et réalistes ? Ces perspectives très favorables ne sont-elles pas vulnérables face aux incertitudes auxquelles fait face l’économie mondiale ? De l’aveu même du Ministre des Finances, ce Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) 2024-2026 a été élaboré dans un contexte particulièrement difficile caractérisé par la persistance de la crise russo-ukrainienne ayant entrainé une hausse des prix des produits alimentaires et énergétiques et un renchérissement des conditions financières mondiales et régionales. A cela s’ajoutent la situation sécuritaire régionale et les effets du changement climatique qui continuent d’impacter considérablement la vie des populations. Par ailleurs, la croissance en Afrique subsaharienne reste faible, tirée vers le bas par l’incertitude de l’économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l’investissement, selon un rapport de la Banque mondiale publié en avril 2023. Selon l’institution de Bretton Woods, face à l’assombrissement des perspectives de croissance et à l’augmentation des niveaux d’endettement, les gouvernements africains doivent se concentrer davantage sur la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes intérieures, la réduction de la dette et les investissements productifs afin de réduire l’extrême pauvreté et de stimuler la prospérité partagée à moyen et à long terme. Ce qui n’est pas le cas au Niger. Néanmoins, nous osons espérer que les hypothèses qui sous-tendent le Document de Programmation Budgétaire et Économique Pluriannuelle (DPBEP) 2024-2026 sont réalistes et réalisables.