Ce n’est qu’une question de jours. Dans ces affaires-là, la discrétion absolue, est de mise. Pour la bonne raison que des esprits malintentionnés, pourraient contrefaire votre nouvelle monnaie, et inonder vos marchés, comme cela s’est déjà vu, en Guinée, avec l’opération ‘’persil’’ de Jacque Foccart, l’homme des basses besognes du général De Gaulle. Il reste que les ressortissants de l’espace AES, ne vont pas tarder à avoir dans leurs poches, des billets de banque et des pièces de monnaie, autres que les francs CFA. Une semaine ? Un mois ? Qui sait ? Mais la mécanique est en marche, et rien ne peut l’arrêter. Advienne que pourra !
Un passage obligatoire
Battre sa propre monnaie, est le signe le plus patent de votre souveraineté. Sans cet acte fondateur, vous n’êtes que des sujets d’une autre puissance, qui peut vous mener par le bout du nez, où il veut. Cela ne fait pas un pli. Tous les Economistes du monde entier, s’accordent sur ce préalable-là. Si vous vous trouvez devant un sceptique, demandez-lui de vous démontrer, le bien-fondé de sa posture. Il ne le pourra pas. Aussi érudit soit-il. Aussi calé dans la rhétorique qu’il puisse être. Et mieux encore, certains Economistes Européens, ou Africains, ont démontré depuis belle lurette, que le Franc CFA, tel qu’il est imposé dans les pays francophones d’Afrique, a, délibérément, servi à handicaper l’essor économique de ces pays, où il a cours. Son rôle essentiel étant de booster avant tout, les avantages nés du ‘’pacte colonial’’, c’est-à-dire, une métropole omnipotente, exploitant des pays cantonnés dans le rôle ingrat de simples fournisseurs de matières premières. Qui plus est, bradées à des prix stupéfiants, frisant l’escroquerie pure et simple. L’idée de base est de maintenir des peuplades entières dans la pauvreté, afin qu’il ne leur vienne pas l’idée saugrenue, d’exiger des prix justes pour l’achat de leurs biens. Il est vrai que l’ordre établi du marché mondial, a pour socle, depuis un siècle, le bradage des matières premières et la surestimation des matières manufacturées. L’Afrique, par ce biais, se trouve ainsi, privé de toute possibilité d’industrialisation. Tel était le but recherché. Seulement, il arrive un temps, où, les exploités disent stop ! On arrête le jeu de dupes ! C’est ainsi que les producteurs de pétrole ont réagi par le passé. Et ces pays producteurs, groupés dans l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) ont pu jouir, un tant soit peu, de leurs richesses.
Le ‘‘Sahel’’
Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), étant les fondateurs de la nouvelle monnaie, il a paru, tout naturellement, que l’on la nommât Sahel. C’est cette appellation qui semble avoir retenu l’intérêt de ses géniteurs. Au fond, pourquoi pas ? Au moins, voilà une monnaie ancrée dans le réel.
Conséquences
N’étant pas des Economistes avérés, il nous est donc difficile d’analyser, en profondeur, les conséquences, à terme, de l’intrusion de cette nouvelle monnaie, dans le tissu économique de l’Afrique de l’Ouest. Tout, nous semble-t-il, dépendra de sa parité avec une monnaie de référence ou un panier de monnaies lui permettant de pouvoir flotter. Cette souplesse permet une plus grande fluidité dans les orientations économiques.
Mais au plan macroéconomique, même un néophyte, sait que désormais, l’économie des pays détenteurs, de cette nouvelle monnaie, n’est plus abandonnée dans des mains extranationales, mais est maintenant, au service exclusif du développement de leurs pays. Rien que pour cela, il fallait le faire.
Croire qu’il n’y aura pas des actions de sabotage, concernant la nouvelle monnaie, il ne faut pas rêver. Cependant, rien ne nous oblige à demeurer dans une posture défensive. Avec un peu d’imagination, l’on sait qu’autant nous pouvons encaisser des coups, autant nous pouvons en donner aussi. Personne n’est hors d’atteinte, aussi puissant soit-il.