Ne vous alarmez pas pour rien. Nous n’essayons pas de vous faire peur gratuitement. Le fait d’insinuer que la démocratie n’est peut-être pas opportune aujourd’hui, mériterait de plus amples explications. Ce à quoi nous allons nous atteler.
La démocratie c’est quoi ?
Plusieurs fois dans les colonnes de ce journal, nous avons essayé de vous démontrer que le principe premier de ce concept, à savoir, le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple, est plus proche d’une vue de l’esprit que d’un principe de réalité. Elle est donc très adaptable, voire, modulable à toute forme de gouvernance, plus ou moins extrême. Sans parler de l’opposition fondamentale entre démocratie populaire et démocratie de type libéral ou néolibéral. Au jour d’aujourd’hui, aucunpenseur ou philosophe, ne peut se lever pour proclamer la prééminence d’une doctrine sur l’autre, appuyée par des faits concrets vérifiables par tout un chacun. En réalité, on pourrait dire sans trop s’éloigner de la vérité, qu’il y a autant de régimesdémocratiques, qu’il y a des pouvoirs qui s’en réclament. Autant dire, qu’il y a d’Etats sur cette planète. En fait, sur ce chapitre, la discussion est close dans les pays les plus avancés, du moins, tant qu’une révolution ne pointe pas à l’horizon. C’est dans les pays du sud, les pays les moins avancés, que l’on cherche à connaître le sexe des anges, c’est-à-dire, la démocratie la plus efficiente pour le plus grand nombre. Evidemment, c’est celle que l’idéologie capitaliste veut nous inculquer avec toutes ses valeurs perverties, telles que, la voie des urnes, « one man, one vote » etc. L’hémisphère pauvre de la terre s’offre le luxe de philosopher à l’infini sur les valeurs de la démocratie, alors que d’autres agissent pour s’accaparer de ses richesses. Si Winston Churchill, Premier ministre Britannique a mis en exergue, durant la deuxième guerre mondiale, l’aphorisme tant galvaudé de démocratie, système de gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, il est clair, aujourd’hui, que dans tout l’hémisphère nord, plus personne n’a le temps de s’en faire l’écho. L’ordre capitaliste installé tient encore la route.
La révolution
Ce qui se passe en Afrique de l’ouest, et plus particulièrement au Sahel, s’apparente-t-il à une mutation conjoncturelle de faible amplitude ou à une réelle révolution, qui fait table rase du passé ?
Dans la première hypothèse, des reformes cosmétiques suffiront à ravaler la façade de la société, dès lors satisfaite de son maquillage. En réalité, d’une simple alternance, ou « rotation » comme dirait Choguel Kokalla Maiga, Premier ministre du Mali. Dans la seconde hypothèse, l’orientation véritablement révolutionnaire présuppose que tout le peuple est en état de guerre, et sur un front tous azimuts. Il s’en suit une véritable,mais provisoire dictature du peuple qui se traduit par une réduction drastique des libertés fondamentales. Les principes démocratiques et toutes leurs vertus sont mis en hibernation. Vous imaginez bien qu’en cas de guerre chaude et sur un front brûlant qu’aucun soldat subalterne ne peut venir contester les directives d’un officier, sous prétexte d’application des principes démocratiques. C’est tout simplement inimaginable. Ce soldat, quelque peu candide, risque gros, si son chef est du genre irritable.
Le prix à payer
Il faut être conscient que pour sortir de l’ornière dans laquelle nous végétons depuis notre ascension à des indépendances purement formelles, il nous faut payer un prix élevé, pour atteindre des objectifs élevés,pour le plus grand nombre. Aussi bien physiquement que mentalement, il nous faudra serrer la ceinture et avancer stoïquement sur des sentiers semés d’embûches. Ce qui est bon, ne se ramasse pas sous les sabots d’un cheval. Nous devons payer le prix requis. Et ce prix, c’est l’altération de nos libertés fondamentales et le torpillage d’une démocratie de façade. Adieu donc veaux, vaches, poulets…et démocratie !
Sur la même longueur d’onde
Dorénavant, pour toute action d’envergure pouvantavoir des répercussions sur le parcours des deux autres alliés, chaque membre de l’AES doit s’assurer qu’il a l’aval des deux autres. Il en sera de même, quand la confédération prendra corps. Le choix d’une orientation capitale, telle que décrite plus haut, nécessite l’agrément de tous les partenaires. En clair, on ne peut faire une révolution dans un seul pays,sans que les deux autres ne suivent le même chemin. Du reste, notre spéculation d’une option révolutionnaire n’implique pas du tout que cette perspective est adoptée par Tiani et ses camarades, encore moins par le capitaine Ibrahim Traoré et le général Assimi Goita. A trois, ils sauteront le pas, ou ne le feront pas. Désormais, ils sont unis pour le meilleur et pour le pire. On ne peut espérer que le meilleur.