La proposition de création d’une société d’État appelée PetroNiger a récemment été adoptée en conseil de cabinet. Cette initiative, est portée par le ministère du Pétrole sous la direction de Mahamane Sani Mahamadou. Le fait que ‘’Abba’’, fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou, porte ce projet pourrait être perçu comme une stratégie familiale pour contrôler plus directement cette ressource essentielle et ses revenus.
PetroNiger, une réponse à l’augmentation de la production d’hydrocarbures
Officiellement, l’imminence des exportations de brut d’Agadem et l’approche de l’entrée en fonctionnement de l’oléoduc se terminant près du port de Semé au Bénin expliquent en partie la création de PetroNiger. La nouvelle société aura pour objectif l’exploration et la production de pétrole. De plus, elle se chargera des 15% des parts détenues par l’État du Niger dans les gisements d’Agadem. PetroNiger gérera également la direction de toutes les participations actuellement en développement sur d’autres blocs : R1, R2, R3 et R4 de Savannah Energy ou Kafra de la filiale de Sonatrach, Sipex, ainsi que d’autres blocs en exploration qui seront attribués à l’avenir par le ministère du Pétrole.
La mise en place de PetroNiger entraînera une modification de la répartition des rôles dans l’industrie pétrolière du pays. En effet, la Société Nigérienne de Pétrole (Sonidep), dirigée par Mamane Ibrahim, un proche du président de la République Bazoum Mohamed, va voir son périmètre d’action réduit à la gestion de la distribution de produits pétroliers issus de la raffinerie de Zinder, exploitée conjointement par la China National Petroleum Corp (CNPC) chinoise à hauteur de 60% et l’État du Niger à 40%.
Le défi politique de la création de PetroNiger
Toutefois, après son adoption en conseil de cabinet, dirigé par le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, un autre proche de l’ex-président Issoufou Mahamadou, le projet de création de PetroNiger a été retiré en conseil des ministres.
Cette décision soulève de nombreuses questions. A-t-elle été effectuée sur ordre du président de la République, Bazoum Mohamed, également président du conseil des ministres ? Les motifs de cette décision restent flous. Certains évoquent une possible résistance du chef de l’État face à l’expansion du clan Issoufou dans le secteur pétrolier nigérien, sur lequel il règne déjà. Cette situation préfigure-t-elle un face-à-face entre le président Bazoum Mohamed et son mentor Mahamadou Issoufou ?
Quoiqu’il en soit, le retrait du projet de création de PetroNiger en conseil des ministres atteste de l’existence de divergences au sein du gouvernement concernant la gestion de l’industrie pétrolière et/ou la création de cette nouvelle entité. Ce climat de tension et ces jeux politiques autour de la création de PetroNiger pourraient se transformer en une véritable guerre des tranchées et donner lieu à une âpre bataille politique.
PetroNiger, une histoire qui ne fait que commencer
Tensions, coups politiques, l’histoire de PetroNiger ne fait que commencer et promet à n’en point douter, encore de nombreux scénarios er rebondissements. Et cela, inéluctablement, laissera des traces durables sur le paysage politique nigérien…
La Rédaction