D’autres diraient que c’est une véritable politique de la terre brulée que s’apprête à livrer à l’AES l’Europe (ou du moins certains Européens). L’impression tenace qui tenaille les patriotes, c’est que ceux qui sont priés de partir n’entendent pas laisser une place nette et proprette à ceux qui vont les remplacer, à savoir Russes et Chinois. Après nous, le déluge, dira-t-on. Cette attitude vindicative remonte à la nuit des temps et caractérise les mauvais perdants. Son principe est puéril : si je ne peux pas jouir de la situation de laquelle tu me déloges, toi aussi tu ne pourras pas en jouir. Les deux antagonistes perdent, annihilant leurs efforts respectifs. Que dire des Peuples qui subissent ? Tout semble se passer au-dessus de leurs têtes. Du moins, jusqu’à présent. Effectivement, si auparavant les dominés n’avaient pas voix au chapitre, pour la simple raison qu’ils en ignoraient les tenants et les aboutissants, aujourd’hui leurs yeux se sont dessillés et ils voient et comprennent tous les enjeux. Dès lors, ils deviennent les acteurs principaux de leurs propres destinées. C’est ce qu’on a appelé recouvrer sa souveraineté pleine et entière.
Comme dit Tiani, le peuple prend conscience qu’il n’entame pas une ‘‘promenade de santé’’. Tout comme d’ailleurs tous ceux qui auraient des velléités d’agression. Pour autant les pulsions belliqueuses des anciens dominants ne peuvent s’évanouir, comme sous le coup d’une baguette magique. Non. L’animosité demeure, son expression ne peut être frontale, mais oblique.
En clair, semer des troubles et l’instabilité multiforme partout et tout le temps qu’il y aura des opportunités. Former des mercenaires à la frontière des pays visés n’est pas une tactique qui date d’aujourd’hui. Les exemples en sont légion, à commencer par l’exemple de la Côte d’Ivoire avec le Burkina Faso comme camp arrière pour les insurgés. Mêmes motifs, mêmes punitions. L’AES sait qu’un retour dans la CEDEAO, quelle que soit les ravalements qu’on lui apportera, équivaudrait à un suicide pur et simple. Sans compter que les Peuples n’accepteront jamais d’être ballotés de droite à gauche, de gauche à droite, au gré du vent, ou des quatre volontés des gourous tapis dans l’ombre. Donc, les patriotes sont sur pied de guerre, prêts à toute éventualité. Et comme l’on le sait, la meilleure défense est l’attaque, pourquoi ne pas prendre des initiatives dans ce sens-là ?
Puisqu’on ne peut y échapper, autant prendre les devants. Le temps ne joue pas en faveur des révolutionnaires au pouvoir dans l’AES. Le temps permet aux agresseurs de mieux se préparer pour porter le coup fatal. De toute urgence, il faut faire naitre la confédération, plus difficile à ébranler que les protonations actuelles. Une confédération, embryon des Etats-Unis d’Afrique. « Ils partirent à trois, et se virent trente à l’arrivée ! » Le compte à rebours a commencé…