C’est fait. La Confédération des Etats du Sahel a vu le jour ce samedi 6 juillet 2024 à Niamey lors du 1er sommet des Etats membres de l’AES (Alliance des Etats du Sahel). Beaucoup, notamment les larbins du néocolonialisme qui tiennent le haut du pavé dans la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), n’y ont pas cru, et jusqu’à la dernière minute escomptaient un revirement brusque. Ils peuvent continuer à chevaucher leurs chimères. L’acte de naissance de la Confédération de l’AES est signé, propulsant dans les annales de l’histoire, quoi qu’il advienne, les noms désormais adulés de trois héros Africains, fiers et responsables, qui ont pour noms : Assimi Goita, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani. En réalité, l’extérieur a tendance à occulter la dimensionque c’est toute l’Afrique noire qui suit avec un vif intérêt le parcours jalonné d’embûches de nos trois vaillants Eclaireurs.
Comment l’extérieur peut-il percevoir l’adhésion et l’admiration de toute l’Afrique noire pour ces héros modernes appelés à relever nos têtes et en même temps que notrefierté ? Ils s’en apercevront assez tôt et, sans doute encore, à leur grand ébahissement. Quoi qu’il en soit, les panafricanistes, à vrai dire, espéraient un coup de tonnerre, c’est-à-dire l’annonce de la naissance d’un nouvel Etat unitaire : la Fédération des Etats du Sahel. Premier pas vers les Etats-Unis d’Afrique. Mais la circonspection était de mise, comptetenu des expériences du passé et de la volonté têtue des puissances dominantes d’enrayer, coûte que coûte, nolens volens, la nouvelle dynamique générée par les souverainistes de tous bords. Aussi bien d’ailleurs, en Afrique, qu’en Europe (les crypto-fascistes) ou en Amérique (le Républicain endurci DonaldTrump).
Le passé éclaire
Dans les années 1960, juste après l’octroi de nos indépendances formelles, c’est-à-dire de pure forme, factice, le Mali et le Sénégalavaient tenté de créer une fédération que les peuples des deux pays appelaient de tous leur vœux. En fait, le président Léopold S. Senghor y croyait de toute son âme, ainsi que son homologue malien Modibo Keita. Mais le paradigme « diviser pour régner » était le dogme imposé dans les relations Nord-Sud. Le Général De Gaulle a tôt fait de le rappeler à son obligé, Sédar Senghor, qui, sans tergiverser, a torpillé l’espoir de toute une sous-région. Les mêmes motifs pouvant engendrer les mêmes causes, la prudence des héros de l’AES se comprend aisément.
Le Franc CFA, une chaine trop prégnante
On ne peut pas être souverain sans battre soi-même sa propre monnaie. C’est indéniable. C’est un préalable à toute vraie indépendance des Etats. Or, durant la rencontre de Niamey, aucun des trois chefs d’Etats n’a fait allusion directe à une sortie éventuelle de la zone CFA. Certes, on a parlé de la création d’une Banque Centrale d’Investissement, sans en préciser les contours. Il est permis d’y voir l’amorce d’un désarrimage soit du franc CFA, soit de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Ce qui voudrait dire qu’un autre dispositif alternatif existe, et peut prendre le relais. A ce niveau, la question devient très technique et ne s’adresse qu’à des experts en la matière. Le grand public n’a pas d’autre choix que de demeurer dans l’expectative sur cette question. Toute autre posture ne peut être que spéculative.
Le hasard et la nécessité
Pour tout croyant, quelle que soit sa foi, la façon dont les choses sont apparues et se sontagencées jusqu’à aboutir, à ce jour, à une confédération des Etats du Sahel ne peut s’expliquer sans l’implication de la providence, ou, si vous préférez, de Dieu. Aucun esprit humain n’aurait pu élaborer un tel scénario emberlificoté et l’amener à l’aboutissement qui arrive inexorablement, les Etats-Unis d’Afrique. Il a fallu autre chose en plus. Croyez-le, ou ne le croyez pas. Si l’irrésistible marche triomphante de la Confédération de l’AES se poursuit, on ne tardera pas à entendre que d’autres Etats se sont joints aux défricheurs des sentiers de la gloire et de l’honneur. C’est une question de jours, ou de mois. Mais c’est inéluctable. Quoi qu’il advienne, nous sommes tous les témoins et les acteurs de l’histoire qui s’écrit sous nos yeux humides d’émotion.