Il importe de noter, de prime abord, que le vocable confédération est pratiquement synonyme d’alliance ou de coalition, c’est-à-dire, des États jouissant pleinement de toute leur souveraineté, qui décident tout simplement de mutualiser leurs efforts dans certains domaines. A l’image de ce que nous pouvons observer aujourd’hui du fonctionnement de l’AES (Alliance des États du Sahel, qui a pour socle le pacte du Liptako- gourma) .
En réalité, l’aspect le plus en vue est la sécurité des trois (3) États, et conséquemment les actions élaborées et planifiées allant dans le sens souhaité. Mais un acte politique d’une portée incommensurable est venue doper le rapprochement du trinôme. Quand le Mali et le Burkina Faso ont déclaré que toute agression contre leur allié nigérien, serait considérée comme un casus belli contre leurs deux pays. Dès lors, de facto, on a gravi un échelon de plus dans l’Alliance. Nolens, volens, les concernés ne peuvent envisager que l’étape d’une confédération, comme progression possible, pour plus d’efficience des actions concertées..
La confédération, qu’est-ce que c’est ?
De manière abrupte, on dit qu’une confédération, c’est quand des États indépendants s’associent pour des actions communes, tout en gardant leur souveraineté initiale. Cette définition réductrice ramène la dynamique au niveau d’une simple alliance ou coalition. Cependant, à l’épreuve des faits sur le terrain, chaque membre d’une confédération doit nécessairement déléguer certaines de ses compétences à un pouvoir central de coordination, dont quasiment toutes les décisions doivent être prises à l’unanimité. Pour autant, on n’a pas atteint le niveau d’une fédération qui partage le pouvoir national entre l’État fédéral et les Etats fédérés. Ces derniers peuvent garder non seulement leurs propres parlements (Assemblées Nationales, Sénat) mais aussi leurs propres tribunaux, et d’autres prérogatives toutes aussi importantes. La différence entre confédération et fédération réside essentiellement dans le fait qu’il y a un pouvoir central unitaire dans le second cas. En fait , la confédération envisagée par les membres de l’AES ne va pas trop différer de l’Alliance en cours, mais elle demeure un jalon crucial, si l’on veut parvenir à une fédération, en bonne et due forme. En réalité, les Etats confédérés sont une rareté (La guerre civile de 1860 à 1865 aux États-Unis d’Amérique entre les confédérés sudistes, esclavagistes et l’armée fédérale nordiste ). A l’opposé, les Républiques fédérales sont légion : USA, Russie, Canada, Allemagne, Suisse, Belgique, Mexique, Inde, Nigéria, etc, pour ne citer que quelques unes. Et l’on voit qu’il n’est pas indispensable d’avoir une masse critique de populations pour pouvoir rêver d’une fédération viable, comme pour les pays précités
Conséquences plausibles
Tant que ce ne sont que les pays de l’hinterland du Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso, et peut-être demain, Sénégal, Tchad) qui sont concernés, les populations se sentiront en terrain connu et ne développeront aucune frilosité ou xénophobie. Les Sahéliens, depuis la nuit des temps, ont tous connu les mêmes modes de vie et les mêmes grands royaumes et empires, pratiquement interchangeables. Dès lors que l’ouverture sera pratiquée pour d’autres populations, véhiculant des particularités traditionnelles incompatibles avec les leurs, les populations du noyau primaire de la confédération, ou fédération, pourraient se sentir menacées d’un envahissement incontrôlable. Ce n’est pas encore pour demain. Hic et nunc, à pas feutrés, l’osmose s’opère sans problème majeur entre Maliens, Burkinabés et Nigériens. Un pas est franchi. Pour la suite, on avisera, au cas par cas.