Ce n’est pas compliqué. Les signes précurseurs d’un lâchage en rase-campagne d’un protégé par une puissance ex- tutrice sont d’une évidence criarde. C’est toujours le même procédé qui a fait ses preuves, en maintes occasion, par le passé. A la manière du « Canard Enchainé » (hebdomadaire satirique français), on déterre un vieux dossier et l’on balance dans la presse un premier petit bout. Si, par bonheur, le concerné entend le message et fait amende honorable, le dossier est derechef enseveli dans les caves poussiéreuses.
Si, par contre, l’intéressé veut faire la forte tête, des révélations plus convaincantes sont portées à la connaissance du grand public, avec encore quelques informations lourdes que l’on garde sous le coude. Là, l’intéressé finit par comprendre. Il comprend surtout que l’étape suivante, si la cabale se poursuit, aboutira à son élimination complète de la scène politique nationale.
Les termes du « deal »
Ils sont d’une simplicité enfantine : tu veilles sur mes intérêts, je veille sur les tiens. Généralement, les deux partenaires s’en tiennent à cette clause initiale, sans problème, malgré quelques impondérables dus aux accidents de l’histoire. Mais que faire quand les intérêts sont antinomiques ? Tout le problème est là. Un parti doit accepter les desiderata de l’autre ou alors ouvrir les hostilités ou s’attendre à des représailles légitimes. Qui ne se souvient de cette image quasi surréaliste d’un Ibrahim Boubacar Keita (IBK) défilant bras dessus, bras dessous avec un François Hollande dans les rues de Paris, avec le credo brandi sur des banderoles ; ‘’je suis Charlie’’. L’idylle a été poussée à son paroxysme quand le président français est venu déclarer au Mali, suite au blocage de la déferlante djihadiste : « c’est le plus beau jour de ma vie ». Puis, brusquement, tout se dégrade, « les Accords d’Alger » stagnant du fait de la tiédeur de la partie Malienne. Aussitôt des « dossiers » fleurissent ici et là, mettant en cause la gouvernance d’IBK ou des malversations supposées de son fils. Naturellement, la société civile « travaillée » dans le sens voulu a pris le train en marche, et on a entendu pis que pendre sur la gestion du dirigeant Malien, et ce qui devait arriver, arrivera. Exit IBK.
Deuxième mort
On peut dire sans hésitation qu’IBK est mort une deuxième fois quand un représentant de haut niveau, en l’occurrence un Général (sur Cnews), a déclaré que le prétendu sentiment anti-français, né au Mali, n’était dû qu’a la superposition de son pays à la gestion catastrophique du défunt président. A moins d’être d’une naïveté béate, ce coup ne devrait pas surprendre. Dans le domaine qui nous occupe, il n’y a pas de sentiment, il n’y a pas d’état d’âme. Le cynisme côtoie le pragmatisme absolu. Ou on obéit strictement aux clauses du « deal » initial ou il faut se préparer à en subir les conséquences.
Cas du Niger
Nous vous faisons grâce des signes précurseurs détectés par tout le monde et qui n’ont eu en réalité qu’un lien assez dissolu avec la famine. Venons-en à notre époque. Le lecteur sait lui-même que certaines informations sensibles ne sont pas à la portée de tout le monde. Il sait aussi que certaines fuites sont organisées de temps en temps dans un dessein exclusivement politique. Que doit-il penser d’une révélation émanant d’une puissance telle que les Etats-Unis d’Amérique, concernant un ancien dirigeant de notre Pays ? Tout d’abord, il se dira que l’Oncle Sam ne peut se permettre une telle discourtoisie sans l’aval de l’ex puissance tutrice, son alliée indéfectible de tout temps. L’énigme à résoudre est de savoir pourquoi, aujourd’hui, après 10 ans, on déterre un dossier ultrasensible avec le feu vert de l’ex puissance tutrice. Sommes-nous dans un processus de lâchage d’un contractant qui aurait méconnu ses obligations contractuelles ? Si, d’aventure, dans les prochains jours ou semaines les révélations sur « l’uraniumgâte » prennent une ampleur dévastatrice, on aura alors tout compris. Le tout est de savoir quel est la direction du vent. Qui bénéficiera de l’éventuelle reconfiguration qui se dessine ? Et qui est, spécifiquement visé par la manipulation qui crève les yeux ? Issoufou Mahamadou ou le parti qu’il a créé ? La question nous taraude l’esprit…
La Rédaction