Dans le cadre du développement et de la modernisation de notre agriculture, le programme politique du président Bazoum Mohamed prévoit la création de pôles agro-industriels dans chacune des 8 régions du pays en fonction de leurs spécificités en matière de production agricole.
L’ambition est noble en ce qu’elle permettra de booster les rendements agricoles, de transformer industriellement les produits sur place pour accroître leur valeur marchande mais aussi de créer des milliers d’emploi au profit des jeunes diplômés et non diplômés nigériens.
Pour la concrétisation du projet, nul besoin d’aller chercher l’expertise ailleurs, nous l’avons déjà sur place grâce à cet ambitieux projet du groupe Amana dans le domaine de l’agro-business en cours de mise en œuvre qui suscite déjà beaucoup d’admiration.
‘’Amana Agro’’ est le nom de la filiale créée par le groupe pour montrer à l’opinion nationale qu’il est bien possible de faire du secteur agro-sylvo-pastoral un business très lucratif et durable dans notre pays, en dépit des aléas climatiques défavorables.
Il suffit seulement de moderniser et de mécaniser le secteur en créant les conditions pour rendre l’eau en permanence disponible sur les sites. C’est par ce mécanisme qu’Amana Agro est en train de faire des merveilles dans la production de fourrage et de céréales à travers l’utilisation de la dernière technologie en matière d’irrigation [le système de pivots] et de l’énergie solaire sur deux sites : au niveau de la ferme d’Almazal, village pastoral de la commune rurale de Tchintabaraden (région de Tahoua), qui couvre une superficie de 1000 hectares et de la ferme du Dallol, commune rurale de M’Bama (département de Balleyara) dont la superficie est de 250 hectares.
Relever un défi
Sur ses deux sites, Amana Agro cultive du maïs, du blé, la luzerne et le sorgho fourrager dans des conditions de production ultra-moderne, qui n’ont rien à envier avec celles des grandes fermes agricoles qu’on voit ailleurs.
Pour compléter la chaîne de production, Amana Agro est en train de construire un troisième site, un imposant parc agro-industriel à Bartchawal, village à quelques encablures de Niamey.
Il s’agit d’un immense complexe industriel qui abritera une dizaine d’unités de transformation des produits cultivés dans les deux fermes mais aussi les produits de l’élevage qui fait partie intégrante du projet.
Entre autres infrastructures en cours de construction sur le complexe, l’on note une usine de fabrication d’aliments bétail, une laiterie, une usine de jus naturel, une usine de farine de blé, une usine de fabrication de pâtes alimentaires, des étables conditionnés pour les vaches laitières.
Des showrooms pour les équipements et les intrants agricoles, des magasins de conditionnement des produits et des serres pour diverses cultures maraichères y sont également érigés.
Concernant le volet élévage, des croisements de bétail sont en cours d’expérimentation entre des races exportées de bovins soudanais et des ovins hollandais et des locaux au niveau des fermes.
C’est dire l’ampleur des investissements consentis par Amana Agro pour faire de son ambition une réalité dans un pays où le secteur rural n’attire pas encore les capitaux à cause de sa rentabilité très aléatoire.
Pour Sidi Ahmed Omar, Président directeur général (PDG) d’Amana Agro, investir dans ce secteur et montrer qu’il est bel et bien porteur est un défi à relever. ‘’Nous avons choisi d’investir dans le secteur agricole parce que nous sommes convaincus de l’opportunité et de l’importance du potentiel qui existe dans ce secteur’’, a -t-il déclaré.
Et d’ajouter : ‘’C’est vrai que le secteur agricole n’est pas attractif aux yeux des investisseurs privés, il faut les comprendre ; cela s’explique par un certain nombre de contraintes inhérentes au secteur’’.
Mais selon lui, ces contraintes dont la plus importante est liée aux aléas climatiques ne constituent plus aujourd’hui un obstacle insurmontable.
Vaincre l’insécurité alimentaire
‘’Il suffit, pour les surmonter, de maîtriser l’eau en exploitant l’énorme potentiel hydrique existant dans le sous-sol de notre pays’’, a indiqué Omar, pour qui l’agriculture ne doit plus continuer à se pratiquer sur la base de la pluie qui est capricieuse et souvent mal répartie dans le temps et l’espace chez nous.
Pour dompter l’eau et être en mesure de produire en toute saison de l’année, Amana Agro s’est doté de tous les moyens mécaniques et technologiques modernes grâce à l’accompagnement de la Banque Islamique du Niger (BIN), selon son PDG.
‘’Il faut forcément un investissement adéquat pour pouvoir faire une production à échelle industrielle. C’est pourquoi nous sommes allés chercher la dernière technologie en matière d’irrigation’’, a expliqué Moumoun Bertrand Omar, Directeur général de Amana Agro, justifiant leur recours à l’énergie solaire dans la mise en œuvre de l’imposant projet.
Ce choix répond à des impératifs de propreté liée à l’énergie mais aussi à sa durabilité et à la maîtrise des coûts sur la durée.
Le respect des normes environnementales et forestières dans le montage et la gestion des fermes agricoles de Amana Agro a été attesté par les services de l’environnement.
Et les éleveurs qui ont commencé à nourrir leurs animaux avec les aliments issus des fermes sont satisfaits de leur haute valeur nutritive. C’est dire que les fleurs n’ont pas trahi les fruits.
Pour Sidi Ahmed Omar, qui annonce le lancement de la production industrielle de certaines céréales dès l’année prochaine, à travers cet ambitieux projet, il s’agit tout simplement pour le groupe Amana d’apporter ‘’sa contribution dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté dans notre pays’’.
Amana Agro a relevé le défi, aux pouvoirs publics de l’aider, et à nous Nigériens de ne pas oublier nos entrepreneurs en ces temps tumultueux.