La récente levée des sanctions de la CEDEAO contre le Niger, suite au putsch du 26 juillet 2023, soulève une question délicate et hautement symbolique : quel sort sera réservé à l’ex-président, Mohamed Bazoum ? Malgré l’appel vibrant des avocats de Bazoum à la veille du sommet de la CEDEAO pour exiger sa libération, conformément à la décision de la Cour de justice de l’organisation, le chemin vers sa libération semble parsemé d’embûches.
C’est un rappel, le 15 décembre 2023, la Cour de justice de la CEDEAO avait statué en faveur de la remise en liberté de Bazoum, ainsi que de son retour au pouvoir. Cette décision, bien que juridiquement contraignante, se heurte à la réalité politique complexe du Niger post-putsch. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte au pouvoir, dans une interview à la Radio et Télévision du Niger (RTN), a clairement indiqué que la libération de Bazoum n’était “pas à l’ordre du jour”, mettant en évidence un fossé entre les prescriptions judiciaires et les impératifs politiques.
Dans ce contexte, la levée des sanctions de la CEDEAO pourrait être perçue comme un assouplissement de la pression internationale sur le régime actuel, rendant ainsi moins probable la libération immédiate de Bazoum. Ce constat amène à une réflexion plus large sur le rôle des organisations régionales et leur capacité à influencer les décisions des États membres, surtout quand ces derniers traversent des périodes de turbulence politique.
En conclusion, cette impasse souligne l’importance cruciale du rôle des organisations régionales comme la CEDEAO dans la promotion de la démocratie et de l’état de droit en Afrique. L’efficacité de ces institutions dans l’application de leurs propres décisions est essentielle pour maintenir leur crédibilité et leur autorité. La libération de Bazoum, en ce sens, ne représente pas seulement une question de justice individuelle, mais également un test pour la robustesse du système juridique régional et son influence sur la politique des États membres.