L’arme de la privation de nourriture et de médicaments utilisée par la CEDEAO pour affamer et tuer les Nigériens dans l’espoir de contraindre le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte militaire au pouvoir depuis le 26 juillet 2023 dans notre pays, à libérer et réinstaller le président déchu Bazoum dans son fauteuil n’a plus aucune chance de prospérer.
L’usage de cette arme redoutable a consisté pour le président Béninois Talon Patrice et son homologue nigérian Bola Tinubu à fermer précipitamment leurs frontières pour bloquer les approvisionnements par voie terrestre de notre pays en nourriture, médicaments et autres biens divers.
Si l’application de la sanction par le Nigéria est moins ressentie par les populations nigériennes en raison de la porosité de la longue frontière [1500km], tel n’est pas le cas avec le Bénin qui abrite le corridor maritime naturel de notre pays. Plus de 70% de nos importations et exportations sont faites par ce corridor très important pour la prospérité de l’économie béninoise.
Le laquais président Talon, dans son zèle obséquieux de plaire à son maître Macron, a aussitôt ordonné le blocage au niveau de la frontière des camions de marchandises à destination du Niger mais aussi la libération des commandes de nos opérateurs économiques entreposées au port de Cotonou. Il s’agit là d’une décision gravissime dont les effets dévastateurs sur l’économie béninoise commencent déjà à se faire ressentir durement.
Mais ce n’est qu’un avant-goût des difficultés futures auxquelles risque d’être confronté le Bénin si d’aventure nos opérateurs économiques venaient à mettre à exécution leur menace d’abandonner définitivement le port autonome de Cotonou, en raison de l’attitude irresponsable et honteuse du président Talon vis-à-vis d’un pays voisin et frère au sens profond du terme.
Les conditions pour que cela soit sont en train d’être créées, à travers notamment ce recours à l’axe Burkina Faso pour l’approvisionnement régulier de notre pays en marchandises diverses.
C’est un axe qui a de tout temps existé mais dont le fonctionnement a été ralenti ces dernières années par l’apparition de l’insécurité terroriste persistante dans la région du Liptako-Gourma que la France a rebaptisée ‘’zone des trois frontières’’.
Depuis la fermeture des frontières de nos deux voisins (Bénin et Nigéria), pas moins de trois convois de centaines de camions de marchandises sont rentrés au Niger par l’axe Kaya (Burkina Faso) sous forte escorte militaire assurée par les armées des deux pays.
Ce convoi d’environ 400 camions chargés de marchandises diverses (denrées alimentaires et autres) qui est rentré à Niamey, ce mercredi 4 octobre 2023, illustre de façon éloquente la forte détermination du CNSP et du gouvernement à créer les conditions pour un ravitaillement régulier de notre pays en vivres et autres produits essentiels malgré les sanctions illégales et criminelles de la CEDEAO.
‘’Aucun Nigérien ne mourra de faim du fait de ces sanctions, ’’, a rassuré Elhadj Sani Chékaraou Garo, président du syndicat national des commerçants du Niger dans un entretien qu’il nous a accordé durant les premières semaines de l’entrée en vigueur de l’embargo de la CEDEAO.
Le défi de l’accessibilité des produits
Quelques jours avant même l’arrivée de ce nouveau convoi de marchandises, Habibou Gado, secrétaire général du syndicat des agents de transit du Niger nous a parlé des mesures d’allégement tarifaire en matière douanière consentis par le gouvernement pour une dizaine de produits alimentaires de grande consommation dont le riz, l’huile alimentaire, le sucre, la farine de blé, le lait, les pâtes alimentaires, le concentré de tomate, pour ne citer que ces aliments.
‘’La réduction est consentie à hauteur de 25% sur la base taxable à l’importation (…) Une autre mesure relative à cet allègement qui n’a pas été divulguée, c’est que même si tu as déposé une avance au niveau de la douane, il y a 10% de ton crédit qui te seront rétrocédés’’, explique Habibou, illustrant le mécanisme par un exemple : ‘’Quand vous déposez 50 millions de francs CFA par exemple, en attendant l’arrivée de vos marchandises, il y a 10% qui vous seront retournés gratuitement’’.
Au regard de ces efforts appréciables des nouvelles autorités pour garantir la poursuite de l’approvisionnement de notre pays en marchandises dans ce contexte d’embargo de la CEDEAO, le SG du syndicat des transitaires pense que les commerçants seront obligés de rabaisser les prix des produits qui connaissent une tendance haussière sans commune mesure depuis des semaines.
‘’Sinon, les autorités doivent sanctionner durement les récalcitrants’’, exhorte Habibou Gado, sur la base des mesures d’assouplissement qui leur sont consenties. Dans l’entretien en langue accordé la semaine dernière à la radiotélévision du Niger (RTN), le chef de l’Etat Tiani a été clair sur la question. ‘’Ils [les commerçants] ne savent pas comment nous faisons pour détacher nos soldats en vue d’assurer ce convoyage. Ils ne paient pas un franc pour le convoyage. Malgré tout, ils augmentent les prix des produits, ce qui n’est pas normal. L’Etat joue sa partition, nous allons prendre des mesures de rétorsions à l’encontre des récalcitrants’’, a martelé le président du CNSP.
Le travail de sensibilisation sur la question a été suffisamment mené, à présent les autorités de transition doivent passer à l’acte en activant le dispositif de contrôle des prix pour épingler et sanctionner les commerçants véreux avec la collaboration des consommateurs.