Le Niger joue un rôle crucial dans la gestion des flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe. En tant que point de transit majeur pour les migrants en quête de meilleure vie en Europe via la Libye, notre pays a été au cœur des préoccupations de l’Union européenne (UE) en pleine crise migratoire. Depuis la fin du sommet euro-africain de La Valette en 2015, Niamey s’est ainsi engagé à devenir le rempart de la politique migratoire de l’UE en échange de financements significatifs. Mais les récents bouleversements politiques au Niger remettent en question cette collaboration.
Une coopération controversée
Depuis 2016, grâce aux financements de l’UE, le Niger a réussi à bloquer plus de 95 200 migrants dans la région d’Agadez selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Cette coopération a toutefois soulevé des critiques. D’une part, elle a eu des conséquences économiques et sociales importantes pour les communautés locales dont l’économie reposait en grande partie sur le commerce avec les migrants. D’autre part, elle a fait du Niger le principal acteur du contrôle des flux migratoires en direction de l’Europe, ce qui a pu être perçu comme une externalisation des responsabilités européennes.
Un changement de cap après le coup d’État
À la suite du coup d’État militaire du 26 juillet, la situation a changé. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé la suspension totale des activités et des programmes mis en place avec les autorités nigériennes. Cette décision soulève des questions quant à l’avenir de la coopération entre l’UE et le Niger en matière de gestion migratoire.
L’appel à dénoncer les accords migratoires
Dans ce contexte, le conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) doit prendre position sur les accords qui avaient conduit Niamey à bloquer les migrants tentant de rejoindre l’Europe via la Libye. Tout comme il l’a fait avec les accords de défense entre la France et le Niger, le CNSP doit dénoncer ces accords migratoires.
Il est désormais crucial de repenser la coopération entre l’UE et le Niger, de manière à trouver un équilibre entre la gestion des flux migratoires et le respect des droits des migrants. La situation au Niger souligne également la nécessité de repenser l’approche européenne en matière de migration, qui ne peut se résumer à des mesures de contrôle des frontières externalisées.
La Rédaction