Dans plusieurs de nos parutions, nous vous avions parlé d’une affaire d’or dans laquelle un commerçant nigérien serait le principal protagoniste. Le 5 avril 2023, il a été condamné, en première instance, à 8 ans d’emprisonnement ferme et à 50 millions de francs d’amende.
En septembre 2021, un Nigérian saisissait la PJ à Niamey contre notre commerçant et autres pour escroquerie, complicité d’escroquerie, séquestration et arrestation arbitraire. D’après le plaignant, le commerçant lui avait proposé la vente de 12 kg d’or et demanda une avance de 52 millions de francs CFA. Marché conclu. Le reliquat sera payé une fois l’or livré. Mais, quelque temps après, le commerçant informe le Nigérian que l’or a été saisi par la douane béninoise qui réclame une somme de 400.000 dollars. Ce problème réglé, le Nigérian quitte Sokoto (Nigeria) un jour d’août 2021, accompagné d’un ami, pour venir à Niamey rencontrer son partenaire en affaires. Ce dernier informe son vis-à-vis qu’il compte livrer 3 kg d’or au Nigeria et lui demande de l’accompagner pour qu’il puisse le rembourser directement après ladite livraison. Deux jours avant le départ, le commerçant nigérien renonce à son voyage, arguant des soucis de santé. Mais le Nigérian est rapidement mis en confiance par une relation d’affaires du Nigérien, un arabe de nationalité malienne. C’est ainsi que le commerçant nigérian sollicite et obtient de ses deux interlocuteurs 2 kg d’or pour un commerçant de Sokoto. Accompagné de son ami, ainsi que du directeur commercial et du chauffeur du commerçant nigérien, le Nigérian quitte Niamey le 11 août 2011 pour Sokoto. Arrivés à Konni, le Nigérian et son ami sont interpellés par la gendarmerie de ladite localité sans aucune notification de ce qu’on leur reproche. L’un et l’autre ne seront libérés que le 19 et le 25 août. C’est alors qu’ils découvrent en lieu et place des 2 kg d’or cinq (5) barres de fer peint d’une couleur dorée.
Outre le commandant de brigade de la gendarmerie de Konni, qui aurait agi sur instruction, cette affaire implique également le procureur de ladite localité. D’où la saisine de la Cour de cassation, la plus haute juridiction en matière judiciaire. « Lorsqu’un magistrat de l’ordre judiciaire est susceptible d’être inculpé d’un crime ou délit commis hors ou dans l’exercice de ses fonctions, le Procureur de la République saisi de l’affaire transmet, sans délai, le dossier au Procureur général près la Cour de cassation qui reçoit compétence pour engager et exercer l’action publique… », dit l’article 638 du Code de procédure pénale. C’est ainsi que la Chambre criminelle de la Cour de cassation a examiné cette affaire en février dernier. Elle a mis au jour des faits d’attentat à la liberté, d’abus de fonction, d’escroquerie, de complicité d’escroquerie, et d’association de malfaiteurs. Ces faits sont des délits prévus et punis par le Code pénal. Conséquence : la Cour de cassation a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire contre l’ancien procureur de Konni pour attentat à la liberté et abus de confiance ; contre le commandant de la brigade de gendarmerie de Konni pour attentat à la liberté et abus de confiance ; contre le commerçant nigérien pour escroquerie et association de malfaiteurs ; contre le commerçant malien pour complicité d’escroquerie et association de malfaiteurs. Les deux premiers mis en cause sont laissés en liberté provisoire. Par contre, un mandat d’arrêt est décerné contre le commerçant malien demeurant à Niamey. Le commerçant nigérien, lui, est déjà en prison dans le cadre d’un autre volet de cette grande affaire d’or.