Pour une procession partie de la Place Toumo pour rejoindre la Place de la Résistance, c’est carrément à pas de course que de nombreux manifestants ont relié les deux points distants d’un peu plus de 3km, lors de la marche organisée ce samedi 16 septembre 2023 par la Front patriotique pour la souveraineté.
Plus d’un millier de personnes ont répondu présentes au rendez-vous de la Place Toumo. Mais en moins d’une trentaine de minutes, les jeunes étaient déjà arrivés à destination, laissant derrière les adultes, les femmes et les enfants qui n’ont pas suffisamment de souffle pour suivre le rythme.
‘’Il s’agit d’une marche, pas d’un test d’endurance physique comme à un concours de recrutement dans les corps paramilitaires’’, hèle vainement un adulte dans la foule, dans l’espoir d’arrêter les jeunes qui couraient pour arriver les premiers sur place et se fondre dans l’immense foule où dominaient les couleurs du drapeau national.
L’animation permanente de l’espace où une tribune et un podium ont été érigés depuis le 2 septembre 2023, date butoir à compter de laquelle les soldats français devraient commencer à quitter notre pays, ne faiblit pas. Depuis cette date, de jour comme de nuit, des acteurs syndicaux et religieux, de la société civile, des libres penseurs, des dirigeants du mouvement scolaire nigérien, etc., sont chaque jour sur place pour crier à tue-tête leur exigence du départ immédiat de notre pays des 1.500 soldats français de la force Barkhane et décrier le rôle de la Françafrique dans le retard de l’Afrique francophone en général et de notre pays particulièrement.
Lancinant refrain
‘’Laissez-nous notre pays, nous n’avons pas besoin de votre présence !’’, ‘’Le Niger n’est pas un département de la France, à bas l’impérialisme, à bas le néocolonialisme !‘’, ‘’Macron ne peut pas nous dicter sa volonté, ce n’est pas lui de décréter pour nous qui est légitime pour diriger et qui ne l’est pas !’’, ‘’Soldats français, hors de chez nous !’’. Ce sont les slogans qui fusent à longueur de journée dans les interventions des orateurs à la Place de Résistance.
Les interventions lors de l’animation de cet après-midi du samedi 16 septembre ne se sont pas tellement écartées de ce narratif ponctué de mise en garde au CNSP à l’endroit de toute tentative de trahison des aspirations des populations qui exigent le départ de l’ambassadeur Itté Sylvain et des soldats français. Mais aussi à la justice sociale par une traque sans complaisance devant la justice de tous les dignitaires du régime déchu impliqués dans des affaires de malversations et de compromissions de nos ressources naturelles. Sur ce terrain, les responsables de l’Union des étudiants nigériens à l’université de Niamey (UENUN) et de l’Union des scolaires nigériens (USN) ont tenu des discours qui tranchent d’avec la litanie quotidienne.
Outre le départ des soldats français qui est actuellement exigé suite à la rupture des accords militaires avec la France par le CNSP, ils ont demandé à cette dernière de procéder carrément à la nationalisation des mines d’uranium d’Orano pour permettre à notre pays d’impulser son véritable développement grâce à la ressource minière.
‘’Alors que nous avons des gisements d’uranium que la France exploite exclusivement depuis près de 50 ans au détriment de notre pays pour maintenir sa prospérité économique, notre pays est cité comme le plus pauvre au monde, alors que la France et une bonne partie de l’Europe sont éclairées et font tourner à plein régime leur industrie grâce à notre uranium, nous dormons actuellement dans le noir à cause d’une sanction de la CEDEAO appliquée par le Nigéria’’, a martelé en substance le SG du l’USN.
Même s’il est vrai que certaines doléances formulées à la tribune de la Place de la Résistance ne sont pas aussi faciles à mettre immédiatement en œuvre, il reste que le CNSP pourrait les prendre en compte et s’en servir pour menacer aussi le président Macron. Car jusqu’ici, les Nigériens ont l’impression que c’est ce dernier qui mène le jeu, à travers ses sorties à l’emporte-pièce contre notre pays. Le CNSP doit aller à l’offensive pour lui faire définitivement comprendre que la quête de souveraineté du Niger est irréversible.