L’accession au pouvoir d’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye au Sénégal pourrait déclencher une série de répercussions notables pour le Niger et les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Tentons d’examiner les implications possibles de ce changement de leadership sur la politique, l’économie et la sécurité dans la région.
Vers une nouvelle ère économique régionale
La montée au pouvoir de figures panafricanistes comme Sonko et Faye pourrait incarner un changement radical en termes de politique économique régionale. L’un des principaux axes de ce changement serait la remise en question de la monnaie commune, le franc CFA, considéré par beaucoup comme un vestige de la domination néocoloniale. Leur ambition de rompre avec cette devise au profit d’une monnaie indépendante ou sous-régionale pourrait avoir un effet d’entraînement sur les pays membres de l’AES, stimulant ainsi un mouvement vers une plus grande indépendance économique et une intégration monétaire renforcée.
En parallèle, les relations économiques avec l’ancienne puissance coloniale, la France, pourraient connaître un bouleversement significatif. La volonté affichée de Sonko de revisiter les accords de coopération avec la France, notamment ceux liés à l’intervention militaire française, laisse planer une remise en question profonde des liens postcoloniaux. Cette approche pourrait inspirer les pays de l’AES à suivre le même chemin, modifiant ainsi l’équilibre géopolitique et les influences extérieures dans la région.
Renforcement de la sécurité et de la stabilité régionales
La perspective d’un retrait des troupes étrangères au Sénégal, et par extension dans l’AES, exigerait des États membres une coopération renforcée en matière de sécurité. Cela pourrait conduire à une intégration régionale plus forte, notamment dans la lutte contre le terrorisme et les groupes extrémistes, un enjeu crucial pour des pays comme le Niger en proie à des attaques djihadistes. Une telle dynamique pourrait contribuer à une plus grande stabilité dans le Sahel, condition essentielle pour son développement économique et social.
Impulsion d’une dynamique culturelle et identitaire
Au-delà de l’économie et de la sécurité, l’ascension au pouvoir de Sonko et Faye au Sénégal pourrait également impulser un renouveau culturel et identitaire. Le pays de la Teranga, en rompant avec son image de pilier de la France-Afrique, pourrait devenir un modèle pour les pays de l’AES cherchant à affirmer une identité africaine plus originale et authentique.
Cette orientation pourrait stimuler une réflexion plus large sur les questions d’identité, d’éducation, de langue et de patrimoine culturel dans les pays de l’AES. La promotion d’une identité régionale plus affirmée et d’un panafricanisme revigoré pourrait avoir des répercussions positives sur la cohésion sociale et la solidarité régionale, essentielles à la stabilité à long terme et au développement dans la région.
En somme, l’arrivée de Sonko et Faye au pouvoir au Sénégal représente un potentiel tournant pour les pays de l’AES. Leur approche panafricaniste et progressiste pourrait redéfinir les axes de coopération économique, culturelle, sécuritaire et diplomatique au sein de l’AES et avec le monde extérieur. Toutefois, ces changements souhaitables ne seront pas sans défis, notamment en termes d’unité politique et de capacité à mettre en œuvre des réformes profondes dans des contextes variés. La réalisation de ces ambitions dépendra de la capacité du nouveau gouvernement sénégalais à naviguer dans un environnement complexe et parfois volatile, ainsi que de sa capacité à concrétiser ses idéaux panafricanistes en actions concrètes.