En retouchant la loi n° 2011-12 du 27 juin 2011, les députés ont, de manière sensible, élargi l’éventail des indemnités et avantages auxquels ils ont droit. Ces élus se sont unis comme un seul homme pour défendre leurs intérêts pendant que le peuple ploie sous le poids de la vie chère.
Entente circonstancielle
Quand il s’agit de se mettre du beurre dans les épinards, les députés nationaux sont enclins à transcender les différends politiques qui les opposent. Le dernier exemple en date est la proposition de loi modifiant et complétant la loi n° 2011-12 du 27 juin 2011 relative aux indemnités et avantages qui leur sont alloués. « […] Après une décennie d’application, cette loi a relevé des insuffisances auxquelles il faudrait pallier pour permettre aux députés d’exercer leur mandat dans de meilleures conditions », lit-on dans l’exposé des motifs justifiant la démarche des parlementaires. Les Nigériens, dont le nombre de miséreux ne cesse de gonfler d’année en année, n’ont-ils pas droit à un quotidien meilleur que celui qu’ils vivent ces années-ci ? Bien entendu, les députés ne se posent pas cette question. Ils n’aspirent qu’à étoffer l’éventail de leurs privilèges pécuniaires : « Le renouvellement de la législature, à l’issue des élections générales de 2021, en est la meilleure occasion », ont-ils suggéré au Gouvernement. Dans leur argumentaire pour le moins contestable, les députés ont mis en avant la nécessité pour eux d’adapter la loi citée plus haut à « l’évolution de la vie parlementaire et au contexte national actuel ». En termes clairs, ils demandent au Gouvernement de leur concéder plus d’argent.
Très loin du peuple
Pour amener l’Exécutif à accepter les retouches, les députés ont parlé de ‘’clarification dans la nouvelle rédaction’’. Selon eux, l’indemnité compensatrice de transport (article 11) accordée aux vice-présidents des groupes parlementaires est bien différente de l’indemnité de transport (article 15) accordée à chaque député. Donc, à les en croire, on ne saurait parler de cumul. En clair, les députés demandent à ce qu’une indemnité de roulage soit versée aux vice-présidents des groupes parlementaires. Un tel plaidoyer n’a jamais été fait au profit des ménages nigériens confrontés à une vie chère jamais connue dans notre pays. Les ‘’représentants du peuple’’ ignorent tout des affres que les citoyens supportent dans leur existence de tous les jours.
Haro sur les deniers publics
« S’agissant de la modification de l’article 16, elle vise à rehausser les montants mensuels des frais d’exercice de mandat et ceux de restitution en raison de l’option nouvelle prise par l’Assemblée nationale de s’ouvrir davantage en multipliant les contacts directs avec les populations de base », soutiennent les députés. Cette proposition n’est, ni plus ni moins, qu’un siphonnage des caisses publiques. En retouchant la loi n° 2011-12 du 27 juin 2011, les députés ont, de manière sensible, augmenter les indemnités et avantages auxquels ils ont droit. Ces élus se sont unis comme un seul homme pour défendre leurs intérêts pendant que le peuple ploie sous la misère. Le Gouvernement, lui, a cédé. Comme quoi, les deniers publics servent prioritairement à assurer le confort matériel de ceux qui nous dirigent. Les députés viennent d’en donner la preuve.