L’augmentation du prix du litre du gasoil à la pompe depuis ce 1re août, de 538 à 668 francs CFA soit une hausse de 130 francs, ne passe pas auprès des acteurs associatifs et des consommateurs. Les arguments avancés par le Ministre du Commerce pour tenter de justifier cette mesure n’ont pas convaincu les Nigériens. Une augmentation qui a été perçue comme une mesure antisociale, car intervenant dans un contexte de cherté de la vie qui affecte déjà les ménages nigériens. Conscient des possibles répercussions de cette hausse du prix du gasoil sur les coûts du transport des marchandises et des personnes, ainsi que des produits de grande consommation courante, le président Mohamed Bazoum a initié une série de rencontres avec les acteurs économiques et sociaux pour tenter de les limiter. D’où la mise en place d’un Comité interministériel chargé de discuter avec les partenaires des voies et moyens susceptibles de préserver le pouvoir d’achat des Nigériens. Après plusieurs jours de discussions, ce comité est parvenu à un accord avec le collectif des syndicats nationaux des transporteurs marchandises, l’organisation patronale des gares modernes, et les associations des consommateurs. La Chambre de commerce et d’industrie (CCIN) a joué le rôle de facilitateur.
Un protocole d’accord a été signé ce mardi 09 août entre les deux parties, et est d’application immédiate. C’était dans la salle de banquet du Cabinet du Premier ministre. On notait la présence notamment de cinq (5) membres du gouvernement, du directeur de cabinet du Premier ministre, du directeur de cabinet adjoint à la Présidence de la République et des partenaires sociaux venus en grand nombre. Dans une brève intervention, le Ministre d’Etat de l’Energie et des Energies renouvelables a qualifié cette augmentation du prix du gasoil à la pompe de « mesure stratégique et nécessaire au regard du contexte international » marqué notamment par une hausse des cours des produits pétroliers du fait de la guerre en Ukraine. Ibrahim Yacoubou invoque également le décalage des prix à la pompe pratiqués au Niger et ceux des autres pays de la sous-région, d’où la forte pression sur les produits pétroliers raffinés dans notre pays ayant conduit à une pénurie de gazole qui est toujours en cours. Voici l’essentiel de ce protocole d’accord :
« Le Gouvernement, d’une part, et le Collectif des syndicats nationaux des transporteurs marchandises, l’Organisation patronale des gares modernes et les associations des consommateurs du Niger, d’autre part, conviennent des mesures d’accompagnement suivantes :
- Des mesures d’ordre général
Le Gouvernement s’engage à garantir la disponibilité du gasoil sur toute l’étendue du territoire national ; ne pas répercuter cette hausse du prix du gasoil sur le tarif de l’électricité ; prendre toutes les mesures nécessaires pour contrôler les augmentations fantaisistes des prix des services de transport au Niger et des produits de consommation courante ; poursuivre le dialogue avec tous les acteurs économiques et sociaux concernés par la question.
- Des mesures particulières
Le Gouvernement s’engage à garantir aux transporteurs nigériens l’exclusivité du transport intérieur, sous réserve des dispositions communautaires en la matière ; supprimer la double imposition des droits de sortie et de stationnement au compte des collectivités et rendre seulement exigible leur paiement dans la localité de départ ; mettre en place un mécanisme adéquat de renouvellement du parc automobile de marchandises.
- Des engagements des partenaires
L’Organisation patronale des gares modernes s’engage à maintenir les prix de transport voyageur à un niveau raisonnable qui fera l’objet d’un contrôle du Gouvernement. Le Collectif des syndicats nationaux des transporteurs marchandises s’engage à ne pas répercuter la hausse du prix du gasoil sur les prix de transport des marchandises ».
Les engagements pris de part et d’autre seront-ils respectés par chacune des parties ?
L’avenir nous le dira…