La grève de 24 heures qui devrait être observée ce lundi 22 août 2022 par le collectif des syndicats des transporteurs -et non des moindres- ne tient plus. Mesurant la gravité de la menace, le ministre des Transports s’est empressé d’appeler les responsables syndicaux pour une négociation d’une journée qui a débouché sur un protocole d’accord le 19 août dernier. Les structures ayant pris part à la négociation sont : le syndicat des transporteurs libres de marchandises du Niger ; le syndicat des transporteurs marchandises et pétroliers du Niger ; le collectif des syndicats des transporteurs voyageurs du Niger ; la fédération des syndicats des conducteurs du Niger ; et l’union des travailleurs des transports et assimilés du Niger. Les responsables de cette coalition de syndicats sont allés rencontrer le ministre Alma avec une plateforme revendicative comportant 17 points avec en tête ‘’le rejet de l’augmentation du prix du litre du gasoil à la pompe et la réduction du prix des hydrocarbures’’, objet de mésentente entre les organisations de la société civile et le gouvernement actuellement. Outre ce point, le collectif exige aussi la diminution des postes de contrôle sur les différents corridors à l’intérieur et aux différentes frontières du pays, l’arrêt de toutes les tracasseries dans les centres urbains ainsi que sur les routes nationales ; la mise en place d’un dispositif de lutte contre le transport clandestin ; l’accélération du processus de renouvellement du parc automobile. Ces différents sujets de préoccupations ne datent pas d’aujourd’hui, ils reviennent régulièrement dans les doléances des transporteurs. Mais ce n’est pas tout, le collectif a également demandé au ministre ‘’une gestion saine de transport des matériaux et matériels qui intègreront les syndicats concernés par le transport des marchandises’’ ; une instruction officielle du CNUT pour l’observance stricte des quotas 1/3 et 2/3 aux différentes ports et l’implication des autorités dans la définition des tarifs des transports des marchandises. Dans le chapelet de revendications, le collectif a aussi exigé l’arrêt systématique du transport intérieur et la priorisation des recrutements des chauffeurs nationaux dans les entreprises de transport ; l’instauration d’une freinte de route pour le transport du jet AT comme le fait la Sonidep et la force Barkhane ; la prise en compte et l’implication de ses structures syndicales dans toutes les prises de décisions engageant leurs militants ; ainsi que la réduction de toutes les taxes fiscales et redevances imposées aux transporteurs. Le collectif a, par ailleurs, formulé comme doléances ‘’la construction et le bitumage des routes nationales et celles des centres urbains ; la conception d’un cadre légal pour réglementer le métier de transport urbain, la mise en place d’un fonds d’appui aux structures syndicales du domaine, la construction d’une salle d’attente, d’un parking au niveau de la direction des transports urbains ainsi que la réhabilitation, l’aménagement et la création de nouveaux sites de stationnement des taxis. Enfin, les responsables du collectif ont réclamé la multiplication des guichets de recouvrement des cotisations de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et l’adoption d’un moratoire sur les délais de rigueur de recouvrement des cotisations de la CNSS et de la DGI, l’audit du fonds Covid alloué aux transporteurs, et la sécurisation de leurs militants sur les axes et zones à risque’’. En parcourant ces différents points de revendications, on peut clairement identifier ceux qui ne peuvent pas être solutionnés même sur le long terme comme, par exemple, la reprise du bitumage des routes. Et même sur les points où l’Etat doit renoncer à des recettes fiscales, il n’est pas évident qu’il le fasse. Malgré tout, les deux parties sont parvenues à signer un accord dont la mise en œuvre n’est pas gagnée d’avance.
Un accord bancal
Concernant le point 1, le gouvernement a déclaré avoir pris note de la doléance et s’est engagé à mettre en place un comité chargé d’examiner la question et de faire des propositions de mesures d’accompagnement en vue d’atténuer l’impact économique de l’augmentation du prix du gasoil. Sur les points 2,3 et 4, il a informé le collectif de la prise en compte de ces préoccupations relatives à la réduction des postes de contrôle sur les différents axes routiers qui ont d’ores et déjà trouvé satisfaction en ramenant par exemple sur l’axe Niamey/Zinder de 14 à 4 le nombre des postes. Par rapport au transport clandestin, le gouvernement s’est engagé à l’éradiquer sous toutes ses formes, demandant au collectif de ‘’dénoncer les abus et les tracasseries constatés sur les différents axes routiers et dans les centres urbains’’. Sur le point 6, le gouvernement a informé le collectif que le processus de renouvellement du parc automobile est une préoccupation du président Bazoum, par conséquent, il promet d’accélérer ledit processus. Par rapport aux préoccupations 7 et 8 relatives au transport des matériaux de construction du pipeline et à la répartition du fret, le ministre a dit simplement prendre acte des doléances. Sur la réduction de taxes et redevances sur le transport, Alma Oumarou a demandé au collectif de relever toutes les taxes et redevance doublement perçus. Il transmettra au gouvernement la question pour trouver une solution aux préoccupations soulevées. Sur les points 13 et 14, le ministre des Transports a promis d’étudier de concert avec son homologue de l’Intérieur la question avec le gouvernement et le maire centrale de la ville de Niamey. Sur la multiplication des points de recouvrement des cotisations de la CNSS et des moratoires, le gouvernement a dit s’engager ‘’à prendre attache avec l’institution et la DGI en vue de trouver les réponses appropriées’’. De bout en bout, il n’y a aucune solution concrète aux doléances formulées par le collectif, ce n’est que des promesses vagues, sans délais de mise en œuvre concrète. C’est sur cette base que le collectif a décidé de renoncer à son mouvement.