Pour la deuxième année de suite, le président de la République a décidé de ne pas entretenir les Nigériens sur les résultats qu’il a engrangés depuis qu’il a été élu. Le silence comme bilan, tel est le choix opéré par Bazoum Mohamed. Y-a-il un pilote dans l’avion ?
Bilan zappé
En une décennie de pouvoir, Issoufou Mahamadou a fait ce qu’il a pu, c’est-à-dire pas grand-chose. Tout de même, on ne peut nier à l’ancien président de la République le mérite de dresser chaque année le bilan de ses actions à la tête du pays. En 2012, soit une année après son accession au pouvoir, Issoufou Mahamadou a sorti des ‘’données chiffrées’’ pour mettre en exergue ses tout premiers pas aux commandes de l’État. L’on se rappelle des « 2800 classes en matériaux définitifs » qui auraient été construites en seulement 12 mois. Bien évidemment, les ‘’bilans’’ dressés par Issoufou Mahamadou sont systématiquement contestés par Seini Oumarou, alors chef de file de l’opposition politique. Quoi qu’on dise de lui, l’inventeur de la Renaissance a toujours assuré le ‘’service après-vente’’. Avec Issoufou Mahamadou, les Nigériens ont régulièrement et annuellement droit à un ‘’bilan’’, aussi enjolivé soit-il. Un exercice que Bazoum Mohamed se refuse de pratiquer. Depuis son entrée en fonction ce 02 avril 2021, à l’exception de l’interview qu’il a accordée à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, le président de la République n’a jamais rendu compte à la nation de sa gestion. Un silence que d’aucuns assimilent à du mépris à l’endroit du peuple.
Y-a-il un pilote dans l’avion ?
« Aujourd’hui que je suis à la tête d’un État réel, où il est question d’hommes et de femmes réels, en proie aux difficultés concrètes de la vie, mon devoir est d’agir de telle sorte que mes actes prennent en compte les intérêts du plus grand nombre. C’est précisément ici que je situe le sens de tout le combat que j’ai mené jusqu’à présent », a déclaré Bazoum Mohamed le jour de son investiture. Deux (2) ans après, l’on est en droit de se poser cette question : Y-a-il un pilote dans l’avion ? Le président de la République est loin de renvoyer l’image d’un chef au fait des attentes de son peuple. Il ne communique point avec ses administrés, il s’est vite mis en contradiction avec ses propres engagements. Vingt-quatre (24) mois après le lancement de la ‘’Renaissance III’’, où en sommes-nous ? Quelles réalisations peut-on mettre à l’actif du chef de l’État. L’intéressé lui-même ne saurait répondre à ces questions. Du coup, il préfère ne pas entretenir les Nigériens de ces sujets. D’autres voix se sont chargées de dresser le bilan des 2 ans de Renaissance III. « […] La trajectoire suivie par le pays nous conforte de ce que le Niger est sur la bonne voie. Il s’agit d’une trajectoire ascendante dans tous les domaines surtout au regard du contexte régional ambiant caractérisé par l’insécurité, le terrorisme et l’instabilité institutionnelle », lit-on dans le principal journal gouvernemental dans sa parution du 3 avril 2023.
Rien à signaler
Le peuple veut entendre Bazoum Mohamed ‘’parler de vive voix’’ de ses 24 mois de présidence parce que c’est lui l’élu et non ses porte-voix. Les problèmes auxquels est confronté le Niger sont multiples, c’est peu de le dire. Quels sont, par exemple, les résultats obtenus relativement à la lutte contre le terrorisme ? « Sur le plan sécuritaire, le Niger a fait preuve d’une grande résilience. Dans cet environnement régional affecté par une grande insécurité, le Niger a su préserver son intégrité territoriale. Un état de fait qui traduit l’accomplissement de la promesse faite par le Président Bazoum », répond le journal gouvernemental en lieu et place du chef suprême des Armées. Ce quotidien n’est certainement pas la voix autorisée pour parler des résultats de Bazoum Mohamed après 24 mois de présidence. Pour la deuxième année consécutive, le président de la République refuse de dresser l’état de la Nation à la grande déception de ceux qui l’ont porté au pouvoir.