Nom : Tinubu. Prénoms : Bola Ahmed. Statut : Candidat déclaré vainqueur le mercredi 1er Mars 2023 à 4 heures du matin par l’INEC aux élections présidentielles du Nigeria. Tout le monde s’en doutait plus ou moins. Il est du parti au pouvoir. Et il a contribué, de notoriété publique, en maintes reprises à propulser au sommet de l’Etat bon nombre de ses concitoyens. A 71 ans, il a jugé que le moment était venu pour qu’il se serve lui-même. Cet ancien gouverneur de Lagos qui connaît toutes les arcanes politiques de son pays depuis des décennies et qui est rompu à toutes les tactiques et stratégies électorales n’a, apparemment, pas eu du mal à s’imposer dans la dernière ligne droite. Il devance son challenger de plus de deux millions de voix. D’ethnie Yoruba, succédant à un Haussa, en l’occurrence Mahamadou Bouhari, il semble à même d’impulser une toute autre orientation à ce pays, le Nigeria, que l’on dit ingouvernable mais qui est toujours debout face à tous les défis. Jusqu’où pourra-t-il aller dans le sens du redressement national ?
Le réveil
Nous nous languissions de voir le Nigeria, le pays le plus peuplé du continent avec ses 220.000.000 d’habitants, occupant la troisième place au plan économique, voire même la deuxième, après l’Afrique du Sud et le ballotage avec l’Egypte, reprendre les responsabilités que l’Histoire lui impose. Et comme elle les a déjà assumées avec brio par le passé. Qui ne se souvient pas des hauts faits de l’Ecomog sous la férule de notre grand voisin et pays frère ? En tant que puissance sous-régionale, le Nigeria occupait avec honneur la place qui était la sienne, la place qui lui seyait. Malheureusement, depuis un certain temps, le Grand Frère semble se replier sur lui-même, se désintéressant des évènements apparaissant tout autour de lui, plongé dans une léthargie inexplicable. Si l’on veut avancer une hypothèse hasardeuse, on peut affirmer que les gendarmes du monde des finances, les institutions de Bretton woods, FMI et Banque Mondiale, lui ont administré un narcotique à effet durable. C’est un vrai miracle si l’économie de ce pays semble tenir la route. A chaque instant, à chaque moment, on frôle la banqueroute. Tout naturellement, des pays qui lui sont contigus, c’est-à-dire ayant la même frontière que lui, subissent les moindres contrariétés économiques qu’il ressent. Inversement, quand le Nigeria se porte bien, les pays circonvoisins comme le Niger ou le Bénin se portent à merveille.
Devoir historique
Il va sans dire que les citoyens d’un pays ont l’impérieux devoir de défendre eux-mêmes leur propre pays avant toute éventuelle intervention extérieure. Il est d’usage de ne demander l’appui étranger qu’en cas de nécessité absolue. Certes, cela peut avoir pour conséquence l’arrivée massive de troupes étrangères, toujours ressenties comme troupes d’occupation. Il est donc recommandé quand la situation s’y prête d’avoir recours à des envois de matériels militaires plutôt que des soldats étrangers. Comme en Ukraine. Tout ce qu’on peut espérer du Nigeria dans le grand combat qui oppose les Etats du Sahel au djihadisme, c’est l’envoi massif de matériel militaire de pointe que lui seul possède, ou à la possibilité d’acquérir. Quand bien même il lui faudra envoyer des hommes plus aguerris, cela paraîtra moins choquant que des militaires extracontinentaux. Avec Bola Ahmed Tinubu peut-on s’attendre à une telle évolution de son pays ? Du reste, tout ne repose pas sur le plan martial uniquement. Le Nigeria réoccupant sa place de Grand Frère, il pourrait remettre de l’ordre dans la famille ouest-africaine. Et cela dans beaucoup d’autres domaines cruciaux. Comme la monnaie unique, les zones de libre-échange, une voix de l’Afrique au conseil de sécurité, et j’en passe !
Modus vivendi
Tant que la Grande Jamariha Arabe Libyenne dirigée par feu Mouammar Khadafi apparaissait comme un élément régulateur et stabilisateur dans le Sahel, le Nigeria avait toute latitude de jouer aux abonnés absents, sans que l’on s’en aperçoive. La digue ayant sauté avec la disparition du Libyen, plus que jamais, le Nigeria est appelé à reprendre le relais. Ce n’est pas une injonction, mais plutôt un constat. Condition sine qua non pour un modus vivendi viable pour la sous-région et donc pour la survie du géant africain. Il n’a pas le choix. Personne ne peut se substituer à lui de manière probante et sur la durée. Nigeria, le réveil ? Dolé !!!