L’Assemblée nationale s’est réunie en séance plénière le vendredi 28 octobre à l’effet d’examiner et d’adopter trois projets de lois relatifs à l’état d’urgence dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéri. Au cours de cette séance, les députés membres du groupe parlementaire Lumana ont rendu publique une déclaration sur les événements de Tamou, c’est-à-dire ce raid de l’armée nigérienne sur le site d’orpaillage, lundi 24 octobre, qui a fait officiellement 7 morts et 24 blessés. Pour le Gouvernement, il s’agissait d’une simple opération anti-djihadiste qui fait suite à une attaque contre un poste de sécurité qui avait eu lieu le matin même (deux policiers tués). Mais non convaincus par la version des faits et le bilan donnés par les autorités, ces parlementaires ont appelé à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire en vue de faire toute la lumière sur ces événements de Tamou (voir L’Enquêteur du mardi 1er novembre).
Réagissant à cette déclaration, le député Mounkaila Issa, président de la Commission de la Défense et de la Sécurité, a affirmé que le bombardement du site aurifère n’a pas été un fait du hasard. « Ce sont des malfaiteurs qui ont été visés. C’est normal que ce qui est arrivé soit arrivé », avait-il dit. Mieux, Mounkaila Issa a laissé entendre que les dommages collatéraux, ça arrive dans toutes les guerres. Et il sait de quoi il parle, lui un Général en retraite.
Mais qu’est-ce qu’un dommage collatéral ?
Dans la terminologie militaire, un dommage collatéral désigne les victimes civiles ou alliées (dans ce dernier cas, on parle aussi de tir ami), ainsi que les dommages causés à leurs équipements et installations de façon accidentelle, lors d’opérations militaires. Cette expression a été utilisée pour la première fois durant la guerre du Viêt Nam par les Forces armées des États-Unis pour désigner les tirs amis ou les destructions des installations civiles et ses victimes. Selon des experts militaires et des experts en droits humains, un « dommage collatéral » n’est pas un crime de guerre, mais viser les civils est un crime de guerre, les toucher accidentellement n’en est pas un. Toutefois, viser un ennemi que l’on sait à proximité de civils peut être un crime. Il est également possible qu’un crime de guerre soit maquillé en dommage collatéral par ses auteurs.
Les détracteurs de la communication militaire critiquent cette expression parce qu’il s’agit d’un euphémisme important : admettre des « dommages collatéraux » relève de la langue de bois quand on a tué des civils. Serait-ce le cas à Tamou (c’est-à-dire des orpailleurs) ? Seule une enquête indépendante pourrait le déterminer.